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De la route que l’on suit… Les chemins de la langue…

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Nous nous sommes penchés, l’autre jour, sur l’étymologie des mots « chemins » et « marche ». Voyons maintenant quelle est l’origine du terme « route ».

La route (XVI° s.) ou « rote » (XII° s.) vient du latin populaire « rupta », substantif issu du participe passé de rumpere (briser, ouvrir) que l’on retrouvait dans l’expression « via rupta »  autrement dit la voie ouverte. L’idée initiale était donc d’ouvrir un passage (à travers une forêt par exemple, ou une montagne). Par la suite, le mot a désigné une voie de communication de première importance (ce qui exclut les voies urbaines ou rues, qui elles sont locales). De là dérivent des expressions comme « barrer la route », « feuille de route » ou encore « faire de la route ».

Employé par métaphore pour désigner la voie que l’on suit, le mot « route » a pris le sens de moyen utilisé pour parvenir à son but : « la route du succès », « être sur la route de quelqu’un », « être sur la bonne route », etc.  Notez que « faire fausse route » s’appliquait initialement au domaine maritime, mais dans son sens abstrait il est envisagé aujourd’hui dans un contexte purement terrestre.

Le mot route a fini par désigner les communications et les échanges entre certains points du globe : la route de la soie, la route du rhum.

Notons qu’il existait un verbe « router » (XIV° s.), qui était intransitif et qui voulait tout simplement dire « marcher ». On le retrouve toujours dans des dialectes comme le wallon. Dans l’Ouest, on retrouve aussi le dérivé « routin », pour désigner un petit chemin.

route,étymologieNotre mot « routine », vient bien évidemment de « route » (au sens figuré de moyen, ligne de conduite). Il a d’abord évoqué un savoir-faire acquis par une pratique prolongée mais il a fini par prendre le sens d’action accomplie par habitude. D’où le sens péjoratif contemporain : habitude d’agir, de penser toujours de la même manière. 

Et les « routiers », me direz-vous ? Le terme est ancien et n’a pas toujours désigné les conducteurs de camions, ceux-là qui nous effraient sur les autoroutes avec leurs mastodontes. Non, ce mot, on le rencontre déjà au XII° s. avec le  sens de « valet d’armée ». Un peu plus tard, on le retrouve (mais au pluriel cette fois) pour désigner des soldats irréguliers organisés en bandes qui pillaient les provinces. Le sens était donc plus ou moins celui de « voleur de grand chemin ». C’est de ce sens que viendrait l’expression « un vieux routier » (homme habile, expérimenté, qui a beaucoup voyagé).

Vous me suivez toujours ?

Rome, Via Appia

 Les chemins de la langue…


« Partir sur les chemins »  disais-je l’autre jour….

Ce qui nous renvoie à la première activité de l’homme. Dès la préhistoire, l’homme se déplaçait et marchait. Nos ancêtres étaient d’ailleurs des chasseurs-cueilleurs non sédentarisés et la marche était l’essence-même de leur vie. Ils devaient se déplacer pour survivre et tenter de trouver en d’autres endroits les aliments nécessaires à leur organisme.

Le chemin est aussi vieux que la marche et donc aussi vieux que l’homme.

Ce qu’on sait moins, c’est que le mot « chemin » est lui-même très ancien. Il provient du latin populaire « camminus », lequel trouve son origine dans un mot celtique qui a laissé des traces dans les langues romanes.  (italien cammino, espagnol camino, portugais caminho).  On peut supposer que le gaulois a survécu plus longtemps dans les  campagnes, celles-ci étant habituellement moins ouvertes aux influences extérieures, par leur isolement-même. Il ne faut pas perdre de vue non plus  le bon sens des gens qui y habitent, généralement peu enclins à suivre les modes nouvelles et préférant répéter inlassablement des gestes anciens qui ont fait leurs preuves. On peut donc imaginer que les citadins parlaient déjà le latin tandis que dans les campagnes le celtique était encore bien vivace (un peu comme les patois d’oc ou d’oïl, qui survivent toujours aujourd’hui  dans les régions rurales).

Rien d’étonnant non plus à ce que ce soit le langage des paysans qui nous ait donné le mot « chemin », car si la ville est un lieu clos et exigu où on demeure immobile, en dehors des murs qui la circonscrivent, dans les terres sauvages et infinies qui la bordent, on se déplace et on marche.

On opposera donc le « chemin » (voie tracée dans la campagne) à la « rue », propre à la ville. Si cette dernière est bordée de maisons, le chemin au contraire n’est qu’un simple passage dans l’immensité de la nature. Le monde citadin est celui de la culture, tandis que le chemin appartient encore à la nature. C’est  à peine s’il renvoie discrètement à une activité humaine. En terre, bordé de végétation, parfois difficilement praticable, il suggère simplement la présence des hommes qui sont passés là avant nous. Des hommes dont nous ne savons rien, que nous n’avons jamais rencontrés et que nous ne rencontrerons peut-être jamais. En ville, dans une rue, je suis avec les hommes. Sur un chemin, je suis seul dans la nature, mettant simplement mes pieds là où un de mes semblables, un jour, a déposé les siens.

Le mot chemin a donné différentes expressions : chemin de ronde, voleur de grand chemin, se mettre en chemin, à mi-chemin, chemin faisant, le chemin de la vie, faire son chemin, le droit chemin, etc. Personnellement, celle que je préfère, c’est « chemin de traverse », car là il s’agit de sortir des sentiers battus pour suivre une voie anormale, insolite, parallèle ou non à la voie principale.

Du chemin, passons à la marche. Le terme « marche » provient du francique « markhon » (marquer, limiter, mettre une marque, une borne). La « marche », c’est donc d’abord une frontière, une limite, comme dans l’intitulé de ce site « Marche romane » (une région de frontières, quelque part aux limites de la Romania). Quant à « marcher », lui, son sens premier en ancien français est celui de « fouler aux pieds », de « mettre le pied sur » Par exemple, dans l’expression « marcher sur les pas de ». De là, on passe à l’idée de se mouvoir, de se déplacer. Ensuite, au XVII° siècle, on appliquera ce verbe au fonctionnement d’un mécanisme (cette montre marche bien) ou d’une affaire (ses affaires marchent bien).

Le déverbal « marche » (d’un escalier) renvoie au sens premier puisque c’est la partie de l’escalier sur laquelle on pose le pied (le vieux mot « degré » s’en est du coup trouvé supplanté). Le sens actif (action de se déplacer) n’est attesté qu’à partir de 1508, nous dit le Robert historique (qui vaut décidemment tous les romans). Il s’applique d’abord aux déplacements des troupes (d’où l’expression « en ordre de marche » ou encore le terme « marche militaire » qui désigne un morceau de musique qui incite à la  marche). Il faudra attendre  le XVII° siècle pour que notre mot « marche » désigne le déplacement d’un groupe de personnes.

Eté 2011, photo personnelle

étymologie,marche,chemin

Flâner


Flâner, de préférence en-dehors des sentiers battus.

Flâner et se souvenir de ce que l’on aurait pu être et qu’on n’a pas été.

Refaire à l’envers le chemin des écoliers,

Laisser là le maître et ses cahiers, puis partir et se promener parmi les buissons.

Chercher les paroles perdues, les sourires esquivés, les frissons imaginés,

Puis revivre les souvenirs abolis,

Tous les souvenirs.

Ceux d’hier et d’avant-hier,

Ceux qu’on avait oubliés et qui ressurgissent là, au détour de la route,

Intacts comme au premier jour.

Marcher.

Marcher et finir par se perdre le long des falaises à pic,

Dans l’ombre des forêts, ou dans la poussière d’un chemin écrasé de soleil.

Se souvenir qu’un jour on a été ou du moins qu’on a cru être

Se souvenir du parfum d’une femme et de tendresses anciennes

Se souvenir qu’on a tout donné et qu’on a tout perdu,

La jeunesse, les espoirs et les désirs insensés.

Souhaiter être libre, enfin, hors du monde.

Partir, seul, et chercher.

Chercher un port, quelque part, où pouvoir se reconstruire et rêver.

Regarder la mer monter et les bateaux partir.

Vouloir se perdre, comme eux, dans l’océan,

Mais rester quand même, ici, et contempler ses pas, sur le sable mouillé,

Signes éphémères de notre présence au monde.

2ef5b 1706759706 Flâner...

Sur la route


Sur la route, il n’y avait rien.

Rien que l’asphalte mouillé où mes pas résonnaient.

Dans les fossés, la pluie récente avait laissé d’étranges flaques.

Des flaques où se réfléchissaient tous les nuages du ciel.

De chaque côté du chemin, les grands arbres ployaient sous le vent.

Un fort vent d’automne, qui soufflait en rafale.

Des gouttes, parfois, tombaient des branches aux feuilles jaunissantes.

Elles tombaient dans les fossés, au milieu des nuages.

Point d’animaux, dans la grande forêt.

Nulle course effrénée, nul chant nostalgique.

Rien que le silence.

Les oiseaux s’étaient enfuis vers un Sud improbable et le grand cerf était mort.

Mort d’une balle assassine, dans la saison des amours.

Moi, je marchais au hasard, sans but, ne sachant où aller.

Je tentais d’oublier un chagrin, que je cachais avec peine.

Je marchais, et mes pas résonnaient sur l’asphalte mouillé.

Sur la route, il n’y avait rien.

Découvrez Marche Romane…

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