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Cornu de Jos, 420 ans d’histoire

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Le 20 octobre 2007, le village de Cornu de Jos situé dans la Roumanie Centrale Sud fêtait ses 420 années d’existence. A cette occasion, le Conseil Communal avait mis les petits plats dans les grands. Du début de l’après-midi, les groupes folkloriques ou modernes se sont succédés jusque bien tard dans la nuit…

Pourquoi 420 ans?
C’est en effet une question qui vient automatiquement à l’esprit. Pourquoi pas 410 ou 405 alors? Il faut savoir que 2007 est une année pré-électorale en Roumanie et le signal de la campagne a déjà été donné par les grands partis. D’ici l’année prochaine -où se dérouleront les élections locales et parlementaires- les mairies vont s’empresser de finaliser des projets, déjà en route, mais qu’on a bien laissé trainer afin de donner le « dernier coup de pioche » au moment voulu.
Cornu n’échappe donc pas à cette règle et toute une série de projets vont avoir droit à leur inauguration -en grandes pompes- dans les prochains mois, le plus près possible de la date des élections. En ce qui nous concerne, nous allons principalement avoir droit à une salle de sport, commencée en 2004, suite à un pari lancé par A. Nastase contre I. Tiriac en vue de créer 400 salles de sport dans le pays avant la fin de l’année qui était aussi une année électorale, naturellement. La salle n’avait jamais été finalisée. Elle le sera sans doute en 2008. (Update: Elle ne l’est toujours pas, en juillet 2009, mais il semble qu’on y travaille activement, probablement, en vue des élections présidentielles de l’automne)

Toujours en 2004, Adrian Nastase avait lancé un autre projet assez hasardeux: l’aménagement étagé de la butte se trouvant à l’entrée du village. Des dizaines de travailleurs ont oeuvré à nettoyer ce terrain et des pépiniéristes et horticulteurs ont parachevé le travail en laissant une inscription géante faite dans la pelouse avec des fleurs: C O R N U . Aujourd’hui, de tout ce travail, il ne reste plus que cette inscription. Personne ne s’est jamais occupé de l’entretien de cette butte.

 

Nous allons aussi bénéficier d’un nouveau pont dans le centre du village ainsi qu’un d’un rond-point à l’entrée de la commune, une idée assez intéressante, étant donné le danger que représentait ce carrefour très fréquenté. On nous parle également d’un monastère assez mystérieux qui serait, lui aussi, en construction depuis plusieurs années mais je n’ai pas encore découvert où il se cachait.

Les préparatifs
Les préparatifs ont commencé la semaine précédant l’évènement. Le maire et ses édiles comptaient sur une participation massive de tous les citoyens de la commune. Pour cela, un petit billet glissé dans la boite aux lettres a suffi pour mettre notre rue sens dessus-dessous. Ce billet nous invitait à prendre toutes les dispositions pour que les « trottoirs » (bout de terrain non aménagé, longeant la route) de chacun soient propres et nets pour le jour de la cérémonie. Bien entendu, des amendes sévères pénaliseraient tous les contrevenants. Nous nous sommes donc mis à arracher les mauvaises herbes, à astiquer, à frotter, à balayer cet espace de terrain qui ne nous appartient pourtant pas! Un camion d’asphalte a été envoyé avec une équipe de travailleurs afin de colmater tous les trous existants. Devant chez moi, des ouvriers (je ne sais plus très bien si c’était le gaz, l’eau ou autre chose) avaient autrefois creusé un trou dans la route et ne l’avaient jamais rebouché… qu’avec des cailloux et de la terre. Après une attente de plusieurs années, je me voyais enfin récompensé de ma patience: les nouveaux venus asphaltaient tout ce qu’on voulait! Je ne me suis donc pas fait prier.

Dans la rue principale -barrée pour l’occasion- le maire avait trouvé la solution radicale: une nouvelle couche d’asphalte… sur une route qui venait à peine d’être complètement refaite, avec des trottoirs et tout et tout… Un ami bien renseigné m’a expliqué le fin mot de l’histoire: la route principale de Cornu est une route de Judet (on dirait: provinciale, chez nous) et le Conseil de Judet a donc offert ce « cadeau » à notre commune. Inutile de préciser que cela devait certainement faire l’affaire de quelques « amis » du parti. Faut-il rappeler que le maire de Cornu est PSD, que le village est massivement PSD et qu’A. Nastase (ex premier-ministre PSD, actuellement poursuivi par le DNA pour de nombreux faits de corruption) est toujours accueilli en héros dans « sa » commune Cornu. Mais ne croyez surtout pas que j’aie quelque chose contre ce parti!

Le grand jour est arrivé!
Enfin, le grand jour est arrivé et dès le début de l’après-midi, la rue centrale du village ressemble à un terrain de foire, avec ses vendeurs ambulants, ses étals improvisés, et puis, surtout, ses préparateurs de saucisses et de mici dont le parfum se répand jusqu’au podium. Un podium géant, où les différents artistes vont défiler toute la journée, jusqu’à minuit.
Vers 16h, le maire a fait son apparition, flanqué de sa ceinture tricolore, pour les grandes occasions. Son discours assez long n’avait pas l’air de passionner la foule qui bavardait gaiement, entre amis. Après avoir retracé toute l’histoire de la commune depuis ses origines, le maire fit monter sur la scène les vieillards les plus valeureux du village: 13 vétérans de guerre et 4 couples fêtant leurs noces d’or cette année -mariés en 1957.

Dans son allocution, le maire n’oublia pas de remercier les sponsors (firmes de la commune) et tous les habitants, en soulignant l’importance des étrangers présents dans la commune (environ 20% -surtout des Bucarestois) et plus particulièrement, la famille Nastase à qui la commune doit évidemment beaucoup, surtout de l’époque où il fut premier-ministre. Celui-ci avait, entretemps, fait son apparition, accompagné de plusieurs autres personnages politique dont Marian Saniuta (ex ministre de l’Intérieur) et protégé par un SPP grassouillet -sûrement meilleur à boire la tsuica qu’à défendre qui que ce soit. D’ailleurs, il n’a pas pu empêcher un saoulard de venir faire l’accolade à son patron…

A côté des remerciements faits à tout ce beau monde, le maire a encore beaucoup insisté sur le fait que Cornu était un exemple pour la Roumanie. Depuis le temps qu’il crie haut et fort que Cornu est le premier village à être « au standard européen », on commence à le savoir, mais surtout je me demande qui a bien pu attribuer cette palme à un village encore aussi rébarbatif aux véritables progrès.

Depuis notre arrivée à Cornu (2001), les seuls travaux d’infrastructures que nous ayons observés sont: l’hôtel de police (ça, c’est vraiment un hôtel!), les trottoirs dans la rue principale, le pont entre Cornu de Jos et Cornu de Sus (qui est une belle réalisation, il est vrai), le pont entre Cornu et Campina (un pont qui a été emporté par les inondations de 2005, alors qu’il venait tout juste d’être refait!) et quelques centaines de mètres de routes asphaltées.
Je me demande, Mr le maire, quand aurons-nous enfin des égouts dans toutes les rues, comme dans les pays qui se disent civilisés? Seule la rue principale (ou habitent la plupart des gens importants de la commune) est canalisée. Je me demande, Mr le Maire, quand aurons-nous des trottoirs convenables, pour circuler sans nous tordre les pieds à chaque pas? Je me demande, Mr le Maire, quand TOUTES les rues de Cornu seront-elles enfin asphaltées et ne deviendront plus des torrents de boue à chaque averse qui passe? Je me demande encore, Mr le Maire, quand serons-nous enfin traités comme des citoyens européens, avertis en temps utile des coupures, fréquentes et parfois interminables, d’eau, d’électricité et même de gaz?

 

Je ne parle même pas de l’écologie – avec les dépôts d’ordures clandestins existant depuis des années, les défrichages sauvages dans la forêt, ni de la protection des animaux -battus, exploités, mal nourris sans que personne ne lève le petit doigt. Je ne parle pas non plus de l’utilisation des fonds SAPARD européens pour le projet de relais de canalisations d’eau entre plusieurs communes de la région. Allez donc faire un tour dans la forêt toute proche, Mr le Maire, et expliquez-nous ce qu’on a fait avec cet argent (800.000 euros)? Tout cela, Mr le Maire, prouve que vous ne connaissez pas les standards européens et que vous nous lancez à la tête des paroles que seuls des non-européens peuvent avaler!

Que la fête commence!
Pour les habitants du village, la seule chose qui compte, c’est la fête, naturellement. Ils ont tellement peu l’occasion de vivre un tel évènement (le premier, en tous cas depuis 2001) qu’il ne faut pas grand chose pour déclencher la folie. Dès les premières notes de musique, Andra, vedette locale, réussit à enflammer les spectateurs qui ne se font pas prier longtemps.

Aussi bien sur des rythmes nouveaux que sur les accents folkloriques très vivants en Roumanie, les groupes de spectateurs se forment et commencent à danser, non seulement dans la rue, mais aussi aux balcons des appartements voisins. C’est une chose qui m’a énormément impressionné: les jeunes sont très réceptifs à la musique folklorique et n’hésitent pas à former des rondes comme le faisaient – et le font encore lors de spectacles- leurs parents et grands parents. Ce n’est pas un hasard si la Roumanie a une réputation mondiale à ce niveau.
La « caravane d’Axinte », responsable de l’organisation du spectacle, a tout fait pour que la pression reste constante. A la tombée de la nuit, et malgré une température assez fraiche pour la saison, les spectateurs étaient toujours aussi nombreux, et même plus tard, jusqu’au passage du groupe vedette Iris, sous la pluie, l’ambiance restera la même, les feux de la rampe s’éteignant vers 1h du matin, bien plus tard que prévu, et sous les pétarades du traditionnel feu d’artifice.

Un peu d’histoire
Finalement, si nous en sommes là, c’est quand même grâce à Cornu et ses 420 années d’histoire, du moins si l’on en croit le premier document attestant son existence. Ce document proviendrait du Seigneur Mihnea II Turcitul, (Seigneur des Pays Roumains entre 1585 et 1591) qui y parle du rachat du domaine de Cornu fait en 1587 par un certain Necoara, employé à la cour et habitant de l’endroit, à deux autres personnages, Lepadat et Stoica, pour la somme de 1600 pièces d’argent turc.
Mais la localité existait déjà bien avant cette date, étant donné sa situation très favorable, au croisement de plusieurs routes importantes de communications, comme celle de Brasov, via la vallée de la Prahova, celle de Doftana et aussi vers la Moldavie, à travers les collines.

Michel Guillaume
octobre 2007

 

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