Comment s’habiller pour l’Oktoberfest de Munich ? est devenu une question très courante chez les touristes qui préparent leur séjour dans la capitale bavaroise pendant la plus grande fête de la bière du monde. Jusqu’aux années 90, elle aurait paru curieuse, puisqu’il n’y avait pas de codes vestimentaires. Encore moins pour les touristes. Mais depuis 20 ans, les habits bavarois traditionnels se sont imposés comme une évidence pour ceux qui veulent expérimenter l’Oktoberfest de l’intérieur, sans se contenter de la consommation des bières munichoises et des spécialités culinaires du terroir.
Dirndl et Lederhose, la panoplie folklorique du visiteur « typisch bayerisch »
Dans l’enceinte de la Wiesn, la vaste esplanade construite sur une ancienne prairie où se déroule la fête de la bière de Munich, le folklore reste très présent à tous niveaux. Les vêtements et accessoires en sont la plus visuelle des représentations. Aux yeux de certains, il en ressort une impression kitschissime qui contribue encore mieux à l’immersion. Réussir son expérience de la fête de la bière de Munich passe par le port ou l’achat de quelques accessoires. Porter une tenue bavaroise n’a rien d’indispensable mais est devenu partie intégrante de la fête selon certains touristes, qui y voient une occasion de favoriser aussi les rencontres.
Beaucoup de munichois et de bavarois arborent leurs plus beaux habits traditionnels. A fortiori sous les tentes d’Oktoberfest les plus typiques ou visant un public « chic », où l’élégance est de rigueur. Leurs choix et styles reflètent souvent leur provenance, dans la mesure où à ses débuts, la fête de la bière de Munich était surtout un rendez-vous permettant aux bavarois de toutes les régions du Land de se réunir et représenter leurs traditions et les productions agricoles locales.
Certains touristes se prêtent au jeu et adoptent souvent le dirndl ou le Lederhose pour faire encore plus couleur locale, mais les étrangers osant la culotte restent relativement rares par rapport aux filles qui se laissent tenter par le dirndl sur un mode « sexy » si l’objectif est de faire des conquêtes. A noter que l’Oktoberfest a fait des émules dans le monde entier et une partie significative des participants à Paris, Montreal, Tokyo ou en Ecosse portent aussi les vêtements bavarois au lieu du kilt ou du kimono ou de la tenue typique de leur pays!
Vous préparez votre séjour à Munich pendant la fête de la bière?
Le Dirndl ou comment la robe traditionnelle bavaroise est devenue tendance
Quand les touristes évoquent le Dirndl, elles l’envisagent souvent comme un déguisement classique ou plus sexy. Pourtant, il ne s’agit pas d’un costume, mais bien d’un vêtement courant porté par les paysannes des Alpes, remis au goût du jour depuis une trentaine d’années à la fête de la bière de Munich, au point qu’il en est devenu l’un des symboles.
Longtemps jugé ringard et associé dans l’imaginaire à des clichés négatifs, le Dirndl est presque un phénomène de mode et surtout un signe d’appartenance (à la ville, à la région, à la fête). Il fut même qualifié de « burqa bavaroise ». Autant dire qu’on imaginait mal voir le dirndl revenir sur le devant de la scène avec une telle ampleur et grâce aux bavaroises de toutes générations!
A la suite des Jeux Olympiques de Munich en 1972, durant lesquels les hôtesses étaient affublées de dirndl aux couleurs du drapeau bavarois (bleu ciel et blanc), la tenue a refait progressivement son apparition sur la Wiesn. Toutes les serveuses sous les tentes d’Oktoberfest et dans les Biergarten en portent. D’ailleurs, certaines reconnaissent que leur tenue peut contribuer à leur succès auprès des visiteurs qui laissent un meilleur pourboire s’ils ont été « séduits ». Néanmoins, compte tenu du nombre de buveurs éméchés qu’elles côtoient et des gestes indélicats (voire des agressions sexuelles) subits pendant le service, elles s’efforcent de porter les versions de dirndl les plus classiques et des corsets qui évitent de trop montrer le début du décolleté de la poitrine sous peine d’aguicher des regards lubriques.
Pour la petite histoire, le dirndl a moins de 150 ans et son ancrage dans les traditions bavaroises n’est finalement pas si ancien. Si les jeunes filles de la bourgeoisie munichoise le portaient à la fin du XIXème siècle pendant leur villégiature en montagne afin de se balader dans une tenue plus détendue que le style « à la française » très en vogue à l’époque, le Dirndl s’est imposé depuis comme une tenue avec laquelle on travaille et non pas une tenue d’agrément. Dans les Alpes, le dirndl était et est toujours porté par les servantes, les femmes travaillant dans les fermes ou dans les auberges (Gasthaus).
Dans les années 50, il fut abandonné par la majorité des femmes citadines, qui y voyaient un rappel trop fort aux codes vestimentaires chers aux Nazis. On pense alors à Eva Braun, maîtresse et compagne de l’ombre devenue quelques heures avant sa mort, l’épouse d’Hitler. Comme en témoignent de nombreuses photographies, la jeune femme portait souvent le Dirndl pendant ses séjours au Berghof sur les hauteurs de Berchtesgaden à Obersalzberg.
Fan de mode assez frivole, Eva Braun était attentive à suivre la tendance vestimentaire et soucieuse d’être toujours élégante. Selon certaines archives étudiées par des historiens spécialistes d’Hitler, elle dépensait beaucoup pour se faire plaisir en faisant venir des vêtements de Paris ou d’Italie. Cela l’a consolée sûrement de ne pas être devenue actrice, alors qu’elle s’était rêvée en star de cinéma. Mais à l’instar de ce que montre cette vidéo de la vie privée d’Eva Braun au Berghof, son choix se portait presque toujours vers sa tenue fétiche, le Dirndl (avec gilet), lors de l’accueil d’invités importants ou des plus proches d’Hitler.
D’une certaine manière, Eva Braun incarnait pour le Führer, le modèle de la femme aryenne, dont la tenue flattait les attributs généreux. Le national socialisme a vu dans la tenue traditionnelle bavaroise une manière de véhiculer les idées et les valeurs sociales comme le note Simone Egger, chercheuse à l‘Institut du folklore et d’ethnologie européenne, à l’Université de Munich. Le Dirndl flattait la poitrine opulente et les hanches charpentées qui en faisaient des femmes solides et dans l’imaginaire, de bonnes mères. Ces clichés contribuèrent à reléguer le dirndl aux placards jusqu’aux années 80.
Dans ses travaux, « Phänomen Wiesntracht · Identitätspraxen einer urbanen Gesellschaft », Simone Egger montre comment le dirnl et le lederhose sont devenus à la fin du XXème siècle, ce phénomène de promotion des traditions de la Bavière, dans les villes. A commencer par Munich, où les femmes portent le Dirndl dans la rue en dehors des événements folkloriques ou des manifestations comme les mariages, et pas uniquement lors d’Oktoberfest.
Désormais, le Dirndl est non seulement porté à nouveau avec fierté, mais le choix de cette tenue renvoie à un sentiment d’appartenance et de revendication de l’identité bavaroise. Surtout chez les jeunes générations. Il réussit l’exploit d’être à la fois un signe à contre-courant (par rapport à la modernité) et un mouvement d’avant-garde.
Vous l’aurez compris, acheter un dirndl pour célébrer Oktoberfest (à partir de 30€ mais comptez plutôt autour de 75€) est un bon réflexe pour renforcer l’expérience folklorique et favoriser son immersion! Le dirndl est devenu « hyppe » et n’est donc pas réservé aux serveuses.
De loin, le dirndl se confond avec une robe bavaroise et son nom complet dirndlkleid ne détrompe pas le germanophone qui sait que das Kleid signifie « robe » et Dirn, fille, un mot du dialecte local, dérivé du vieil allemand diorna (en Bavière et au Tyrol, dirne veut aussi dire prostituée).
En réalité, le dirndl est composé d’au moins quatre accessoires : un corsé, un chemisier, une jupe plus ou moins longue selon l’âge et un tablier. Facultativement, on ajoute un jupon transparent (Unterrock). Le port du dirndl exige quelques précautions pour ne pas commettre de fautes dans l’ajustement. Les fillettes portent cette tenue dès l’enfance lors d’événements familiaux et de fêtes. Cela renforce une fierté associée à une certaine exception du moment.
Le corsage et le corselet mettent en évidence les formes, tandis que la jupe est ample et souvent recouverte d’un tablier dans les Alpes en Bavière et en Autriche, où ce dirndl était à l’origine l’habit des paysannes et les servantes au XIXème siècle avant de devenir un habit de fête.
De l’art de nouer le Dirndl… Seriez-vous disponible, mademoiselle?
De plus en plus de munichoises notamment les plus jeunes, et de touristes adoptent le Dirndl et ses codes. Les jeunes femmes et filles ont à coeur de faire pigeonner leur décolleté en n’omettant pas un soutien-gorge ou une brassière push-up. L’âge définira la longueur de la jupe et la profondeur du décolleté. Mais le plus intriguant pour le public averti ou les voyageurs curieux et bien informés est d’observer le noeud! La façon de nouer son tablier est un indicateur de son statut. Tout est donc dans le noeud du tablier!
Soyez observateurs, messieurs : le noeud à gauche signifie que la personne est “disponible”. Ce petit signe distinctif que reconnaîtront leurs congénères permet d’éviter de draguer la mauvaise personne. En revanche, le noeud noué à droite confirme que la femme est mariée ou engagée (au moins fiancée).
De nos jours, les fiançailles ne sont plus considérées comme l’engagement minimal pour faire ce choix. Le noeud au milieu indiquait que la jeune fille était vierge, ce qui pendant des décennies avait beaucoup d’importance sur une terre catholique comme la Bavière où le respect de sa condition était très observé dans les villages alpins. Enfin, le noeud dans le dos signalait un veuvage, même si aujourd’hui, c’est plutôt par esprit pratique qu’on le noue ainsi.
La touche Trendy est très fréquente chez les jeunes filles célibataires tout comme le style Fraulein, sage et plus girly…
Celles qui n’aiment pas les jupes se contenteront du chemisier et du corsé en général fleuri et coloré avec son laçage ; le tout porté sur un jean ou autre pantalon.
On prête à Vivienne Westwood, ces quelques mots qui en disent long sur le phénomène de mode : « Si toutes les femmes portaient des Dirndl, il n’y aurait plus de laideur ».
Un dirndl ne scierait pas si bien sans les accessoires qui font toute la différence… Parmi ceux-ci le Taschen, le petit sac plat en tissu qu’on observe chez toutes les serveuses. Dans la catégorie donnerlittchen, les bijoux apportent une touche romantique. Outre le bracelet, le collier pour dirndl a la côte. Il peut être tressé en cordon, tissé ou en ruban satiné, avec des fleurs ou des coeurs brodés et un pendentif ; le plus souvent en coeur ou en forme d’Edelweiss pour mieux rappeler les Alpes bavaroises ou encore en forme de bretzel !
Dans la même veine, le serre tête agrémenté de fleurs, le chapeau bavarois à plume, le foulard ou l’étole sont appréciées selon l’âge. Bien sûr, on ne néglige pas ses pieds en portant le Trachtenstrumpf (collant jusqu’au genou), ou les (kurze) Trachtensocke (version chaussettes courtes, ou moyennes) en laine.
Où acheter votre dirndl pour l’Oktoberfest?
Retrouvez une sélection de dirndl sur Amazon à partir de 20€ et sur le site dirndl.fr et dirndl.com où l’on trouve tout l’univers autour du dirndl à tous les prix.
Dans les magasins spécialisés en vêtements traditionnels bavarois, les prix n’ont rien à voir ; vu qu’ils privilégient des produits de qualité qui durent. Or, il est peu probable que vous reportiez un dirndl en dehors de votre séjour en Bavière. On peut aussi louer auprès d’une boutique de costumes et déguisements.
En version classique dans le style des Alpes bavaroises : Dirndl chez Kojooin dès 29€
En version « chic » la tenue plus urbaine inclut chapeau et manteau ou veste en loden gris ou vert… Ici chaque pièce dépasse les 150 – 200€… voire 300 à 600€ pour les vestes. Les plus beaux dirndl dans les boutiques haut de gamme atteignent les 2000€ en fonction de leurs matières!
Le Lederhose, la culotte de peau en version montagnarde ou urbaine?
Les messieurs, y compris les petits garçons portent fièrement la culotte de peau, les hautes chaussettes en laine et même le chapeau à plume pour les plus âgés.
Dans sa version campagnarde et de montagne, le costume bavarois masculin s’avère donc plus délicat à adopter, quand on n’a pas pris le temps de s’habituer un minimum à la matière. Les culottes sont unies dans leur version basique portée au quotidien ou pour le travail. Les couleurs les plus courantes tirent entre le beige, le marron clair ou foncé, le vert sombre ou mousse et plus rarement le gris noir.
Les Lederhosen des grandes occasions, brodés et ornés, sont portés lors des mariages, des enterrements, des cérémonies officielles et de l’Oktoberfest pour ceux qui veulent marquer le coup. Comme toutes les bonnes choses, plus le Lederhose a été porté et le cuir est tanné, plus il a une valeur « sentimentale » forte, car il accompagne les hommes dans les événements importants de leur vie.
La peau du Lerdehose est assez peu confortable quand la matière n’a pas été encore assez « usée » pour se détendre. Du coup, quand on passe des heures en position assise, ce n’est pas si commode! L’investissement reste onéreux (mieux vaut donc louer un Lederhose pour une trentaine d’euros par jour).
Chez les hommes, la chemise sert aussi d’identifiant de l’origine. La plupart des visiteurs « alpins » portent la chemise blanche et les bretelles bien visibles ; parfois un gilet. Le plus souvent ils ne se séparent pas des chaussettes de laine moyennes ou hautes ou de leurs guêtres traditionnelles avec ou sans Edelweiss ou motif rappelant les Alpes.
Les bavarois urbains, comme la majorité des serveurs, préfèrent la chemise à carreaux rouges, bleus ou verts (surtout pendant la Frühlingsfest qui rime avec printemps). Les quarantenaires et au-delà affectionnent le gilet brodé, qui est un peu l’équivalent du corset chez les femmes.
Le style bavarois urbain « chic » contraste avec le style du touriste essayant de jouer les bavarois pur jus!
Les seniors ont tendance à privilégier la tenue des grands jours : veste et chapeau proches du style tyrolien sont à la fête, d’autant que la proximité du Tyrol explique un fort partage des traditions de vêtements et de spécialités culinaires avec la Bavière. Les voyageurs avertis ne distingueront les styles qu’à la couleur du vert. Voici donc à quoi ressemble le vert bavarois, sorte de vert mousse et le vert alpin tirant plutôt vers le sapin.
Le chapeau de feutre vert bavarois orné d’une plume ou plusieurs plumes de chasseur est presque indispensable sous la tente Armbrustschutzenzelt, l’antre des chasseurs et des tireurs d’arbalète. L’idée de signe d’appartenance prend tout son sens. On se reconnaît à travers la pratique de ce loisir autant que par l’identification aux Alpes bavaroises.
L’art de faire la fête de la bière de Munich à la bavaroise (jusqu’aux vêtements)
Les chapeaux d’Oktoberfest, signes distinctifs du touriste?
Mais la plupart des touristes étrangers soucieux de se démarquer préfèrent arborer des chapeaux plus ou moins fantaisistes et de taille parfois extravagante. C’est un peu la signature des touristes ou des expatriés qui n’ont pas encore totalement intégré les codes, mais affichent fièrement avec une touche d’humour l’adhésion aux symboles de la fête.
Jamais sans mon chapeau à Oktoberfest!
Vous avez alors trois options pour vous procurer le meilleur chapeau. La plus simple et la plus coûteuse : acheter votre chapeau d’Oktokberfest dans les boutiques officielles ou auprès des vendeurs présents sur la Wiesn. On en trouve à tous les prix.
Comptez à partir de 20-25€ pour les basiques et facilement le double pour les modèles plus originaux… Si l’idée est d’être « dans le coup » sans trop se ruiner, la meilleure solution est de parcourir les sites de déguisements et d’accessoires pour faire la fête vendant des chapeaux dans l’esprit bavarois ou même Amazon, entre 4 et 15€. Ce ne sont pas les modèles estampillés et validés qu’on gardera en souvenir avec une pointe de nostalgie, mais rien ne vous empêche de les porter.
Dans Munich, vous trouverez sans mal des boutiques de déguisements ou de costumes pour louer vos accessoires. Les « vraies » boutiques de vêtements bavarois vous sembleront très peu accessibles pour un amusement de quelques heures, vu que la plupart misent sur une grande qualité des matières premières et le coût s’en ressent.
Oktoberfest, c’est un espace de rencontres, de détente, de drague très souvent. Tout est presque permis pour se distinguer dans une foule étouffante et pour s’éclater quitte à se tourner en ridicule.
Jamais sans mon chapeau à Oktoberfest!
Marion, expatriée à Munich depuis des années, a expérimenté sa première fête de la bière en 2007 et a été impressionnée par la variété des chapeaux et des costumes des visiteurs. Elle s’est fait un devoir d’en adopter un qui symbolise le mieux Oktoberfest ; à savoir le tonneau avec un robinet, mais on croise aussi les poulets qui agitent leurs ailes pour représenter le plat préféré de la fête le Hendl, les cornes de vache qui évoquent les Alpes et la chope géante!
Chaque édition a son chapeau exclusif qu’on ramène en souvenir si on ne choisit pas la Maßkrug, la chope de 1 litre!
Sous certaines tentes, un chapeau très délirant pourra peut-être servir de passe droit avec un peu de chance…
Il ne vous reste plus désormais qu’à choisir une tente d’Oktoberfest qui correspondra le mieux à vos envies en terme de bière, de spécialités culinaires et d’ambiance…
Alors, serez-vous plutôt dirndl, lederhose ou chapeau souvenir ? Dans tous les cas profitez de la fête et consommez la Märzen avec modération. Sinon, vous risqueriez de ne pas vraiment apprécier les charmes du folklore et des traditions d’Oktoberfest.