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La peste de Caragea ; l’un des grands désastres de l’histoire roumaine au XIXème siècle

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A part les désastres naturels, tels que les incendies ou les inondations, la Roumanie du 19e siècle a également été frappée par la peste. L’épidémie la plus forte a été appelée “la peste de Caragea” d’après le nom du prince pendant le règne duquel elle a eu lieu en 1813. Elle avait été précédée par une autre, en 1792, et suivie par deux autres vagues d’épidémie – en 1819 et 1829. “La peste de Caragea” a fait environ 60.000 morts et a eu un énorme impact sur le mental collectif et sur l’économie roumaine de l’époque.

 

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La faiblesse des autorités et l’attitude de la population face à la maladie ont joué un rôle essentiel dans l’ampleur du phénomène, notamment dans la hausse du nombre de victimes. S’y sont ajoutées également des causes objectives, telles que guerres, sans rapport avec l’incapacité humaine de gérer la situation.

L’historien Marian Stroia, de l’Institut d’histoire “Nicolae Iorga” de Bucarest, insiste sur l’importance de la contribution des conflits entre la Russie, l’Autriche et l’Empire Ottoman, conflits qui se sont déroulés sur le territoire des Principautés Roumaines:
“A chaque fois, la peste apparaît suite à des campagnes militaires ou des guerres sur le territoires des Principautés Roumaines. La peste de 1813 survient peu après la fin de la guerre russo – turque de 1806 – 1812. L’environnement est fortement contaminé par les séquelles des guerres, par les corps qui n’ont pas été enterrés. Tout cela favorise la propagation de l’épidémie au sein d’une population qui n’a pas les moyens de se protéger. Si l’épisode de 1792 a fait quelque 10.000 victimes, suite aux évaluations actuelles, l’impact de la peste de Caragea a été beaucoup plus fort, les chiffres allant de 60.000 morts (selon le voyageur russe Ignatie Iakovenko) à 70.000 (selon le Traité d’histoire des Roumains). Les documents de l’époque et les rapports officiels fournissent des chiffres beaucoup plus bas, qu’il ne faut pas prendre comme tels. On parle d’un total de 2031 malades hospitalisés, 2350 décès constatés et de 290 guérisons. Toutefois, la réalité a été beaucoup plus dévastatrice”.

Par conséquent, la guerre a créé le milieu propice pour la propagation de la peste. Mais “la peste de Caragea” fut apportée de l’extérieur, par un membre de l’entourage du nouveau prince valaque Caragea. Marian Stroia nous parle des mesures prises par les autorités après le déclenchement de l’épidémie:
“La suite du prince fait halte au monastère de Vàcàresti, où a lieu la cérémonie religieuse de couronnement du prince. Y participe également un haut dignitaire qui avait apporté le virus depuis Constantinople. L’entourage du prince traite avec négligence cet aspect, ce qui nous permet de dire que le virus s’est développé, commençant à se manifester avec beaucoup plus de virulence lors du premier mois d’été, quand on recense les 16 premiers cas de peste. Si en 1792 la seule modalité de lutter contre l’épidémie était d’expulser la population malade sur un champ pendant 6 semaines, laissant les gens guérir ou mourir selon la chance de chacun. Par contre, en 1813 on s’en est préoccupé davantage. A Bucarest, le prince Caragea crée une sorte de service de garde permanente, alors que les médecins étaient obligés de visiter les malades accompagnés par un délégué de la mairie. Selon la gravité de la maladie, les gens étaient envoyés soit à l’hôpital Dudesti, soit à l’extérieur de la ville. Une autre mesure prise par Caragea a été de chasser de la ville les mendiants, les Tziganes et les voleurs de vêtements. Ces derniers auraient favorisé la propagation du virus en portant et répandant des vêtements volés”.

Les conséquences de la peste sur le mental collectif ont été tout aussi importantes, constate l’historien Marian Stroia:
“Selon les données fournies par le consul autrichien Fleischack von Hakenau, le 20 mars 1814, la virulence de la peste commence à diminuer, de nouveaux cas de contamination n’ayant pas été enregistrés après cette date. Il existe aussi une autre source, un document publié en 1901 par un prêtre du monastère de Butoi. Selon ce document, en été 1813, la maladie s’est emparée de la contrée pendant 3 ans, faisant de nombreuses victimes. Bucarest et nombre d’autres villes ont été vidées par la peste et par le fait que les gens ne quittaient plus leurs maisons de peur de tomber malades. On constate donc une baisse significative de la population. L’impact de la peste ne s’est pas traduit uniquement pas la baisse de la démographie, mais aussi de l’économie”.

Revenir à la normalité a été un processus d’environ 4 ans. Mais d’autres vagues allaient suivre la peste de Caragea. Le danger ne disparaît complètement qu’après 1829, lorsque démarre un ample processus de modernisation, avec la croissance de l’autorité de l’Etat roumain. Les réformes ont modernisé la structure des rues et de l’assainissement, des moyens de transport, des espaces verts et des fontaines dans les principales zones urbaines de Valachie et de Moldavie. L’augmentation du niveau d’hygiène publique et la baisse des manifestations de la peste dans l’espace asiatique ont favorisé la disparition d’une des réalités sociales les plus affreuses du territoire roumain.

Auteur : Steliu Lambru, trad.: Valentina Beleavski

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