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Résolution 819 (Rezolucija 819): enquête passionnante sur les massacres ordinaires à Srebrenica en Bosnie

resolution 819 exode a srebrenica

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Découvrez absolument l’excellent téléfilm produit par Canal + Résolution 819 qui traite du douloureux sujet de la guerre en Ex-Yougoslavie et notamment de l’un de ses plus sinistres événements : le massacre de Srebrenica, puis la lente et pénible découverte des fosses communes où furent enterrées des milliers d’hommes, d’enfants, de vieillards… Tout le monde était au courant de ce qui se passait en Ex-Yougoslavie… Qui a bougé? En Europe ou ailleurs?

Et non sans cynisme, un nationaliste de répondre pour sa défense que l’Europe aurait laissé les mains libres aux Serbes de Ratko Mladic, Milosevic et Karadzic, car les « musulmans étaient des parasites »… Ce n’était « que » des Musulmans… A un « ménage » succède un autre. ménage.. Lequel fut le plus terrible?

Je ne saurais trop vous conseiller l’excellente création originale dont la chaîne  Canal + a le talent : Résolution 819. Des téléfilms de grande qualité, qui sont même souvent supérieurs à de nombreux films et qui traitent de sujets douloureux d’une histoire récente considérée comme tabou ou largement méconnue et en général transformée ou réduite par bien des médias. Entamée avec Lauriston 913, l’idée de ces téléfilms en prise avec la grande Histoire et les histoires qui la confectionnent s’est poursuivie avec le traitement assez intéressant du génocide au Rwanda et de l’incapacité des Français à agir pour empêcher ce massacre, la guerre d’Algérie…

Résolution 819 s’attaque au terrible sujet des massacres en Bosnie et en République serbe de Bosnie.

Résumé T7J

Jacques Calvez, un commissaire de police français, est chargé par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie d’enquêter sur les exactions perpétrées en juillet 1995 à Srebrenica, une semaine après les faits. Là, sous les yeux des Casques bleus, les troupes serbes de Ratko Mladic ont fait disparaître quelque 8000 hommes. Fort de son mandat, Calvez se rend à Tuzla, où se sont concentrés les réfugiés. Ses premières auditions lui montrent l’ampleur des massacres. Il parvient à convaincre ses supérieurs de renforcer ses moyens. Epaulé par un officier de la DGSE, Arnaud Lherbier, et par toute en équipe de spécialistes, dont l’anthropologue légiste polonaise Klara Gorska, Calvez parvient peu à peu à resserrer l’étau de la justice sur les responsables du massacre…

Résolution 819, chronique du massacre de Srebrenica

resolution819La scène s’ouvre sur Srebrenica. 11 Juillet 1995. L’enclave bosniaque de Srebrenica est placée sous protection de l’ONU, mais les Casques Bleus hollandais n’ont pas le droit d’intervenir. Malgré les nombreuses tentatives d’un responsable des Casques Bleus pour demander de l’aide ou la possibilité de réagir militairement, rien est fait pour empêcher l’entrée de Ratko Mladic et des Tchetniks dans la ville, qui est entourée par 8 rangs de soldats serbes. Autant dire que toute tentative de fuite rimerait avec mort. Les casques bleus sont  impuissants, face à des Serbes qui ôtent leurs casques sans résistance. Le cadre de la tragédie est posé.
Après l’oppression, la peur, les bombardements, les viols, les exodes,  les regroupements de réfugiés vers Tuzla, les tueries de masse commencent… Certaines sont appelées cyniquement « ménages » et « aménagement du territoire ». Au nom de quoi? Du mythe de la Grande Serbie blanche et orthodoxe, soutenu par le président Serbe Milosevic et mis en exécution avec zèle et férocité par  les sanguinaires et truculents Ratko Mladic, Radovan Karadzic, Radislav Krstic ou Goran Hadzic… Milosevic lui-même, obligé de signer des accords de paix pour mettre fin à la guerre  après l’entrée en jeu des Américains et considéré par ses exécutants comme un traitre, ne savait plus comment arrêter l’entreprise.
L’expérience de Jean René Ruez, ancien policier à la répression du banditisme à Nice puis nommé commissaire français par le TPIY, pour exécuter la résolution 819 en 1993, a largement servi à l’élaboration de la trame et du personnage de Jacques Clavez dont on suit ici les découvertes. Il a participé aux enquêtes et aux procès des criminels pendant  sept ans en Bosnie et reste hanté par son expérience.
resolution 819 exode a srebrenicaL’élimination d’au moins 8000 personnes dont le seul tort était d’être musulmanes, les diverses exactions, l’impuissance de l’ONU à protéger Srebrenica, les tueries et les stratagèmes pour éliminer le plus de bosniaques possibles, la folie de Ratko Mladic et de ses suivants, la présence menaçante des Tchetniks qui cherchent à intimider les travailleurs sur place pour éviter toute progression des enquêtes,  la découverte des charniers, l’exhumation et l’analyse des cadavres ; on découvre peu à peu de manière quelque peu linéaire, mais non moins instructive les horreurs d’une guerre civile qui s’est jouée si près de chez nous, dans la quasi indifférence pendant longtemps.
Un tiers environ du film porte sur les témoignages des divers types d’ignominies commises. On comprend mieux que toutes les stratégies possibles ont été mises en place par les troupes de Mladic et de ses suivants pour « éliminer » tous les Musulmans. De fausses troupes de casques bleus sont en fait constituées de Tchetniks, lesquels font croire qu’ils vont aider les hommes en fuite en leur donnant de l’eau et en les ramenant dans leurs familles, avant que commence le massacre lorsqu’ils ont été appatés. Il y a aussi cette enfant,  emmenée dans un bus de réfugiés et violée, devant femmes et enfants, avant que les Tchetniks la fassent se pendre, tout en la prenant en photo avec un sourire d’un cynisme abject. A Tuzla, la situation n’est guère plus envisageable. Les mitraillettes résonnent dans les maisons où sont amassés les adolescents et les hommes : une odeur de terreur, d’urine et de sang émane des pierres…

Résolution 819, entre horreur et pudeur, une enquête minutieuse et passionnante

Le film ne cache rien de certains détails de ces horreurs, des corps déchiquetés, rarement intacts, car les Serbes ont multiplié à diverses reprises les cadavres pour éviter les reconstitutions… On sent à travers les images jusqu’à l’odeur pestilentielle des cadavres découverts par les enquêteurs mandatés par le TPIY de La Haye pour découvrir les possibles charniers… On a aussi l’impression d’entendre parfois ces corps hurler encore leur peur, leur douleur… On suit les témoignages poignants de ceux qui ont vu, vécu tout ce qu’on peut imaginer au cours d’une guerre civile. Quoique. Peut-on même imaginer? La réalité est bien pire que cette fiction. Et parfois pourtant, il arrive que des familles séparées puissent se retrouver. Si rarement. Jamais complètes.

 Une importante partie du téléfilm est consacrée aux investigations sur les zones minées,  à la recherche de fosses, puis aux découvertes et reconstitutions des cadavres qui permettent de découvrir qui est mort, comment les victimes ont été abattues lâchement, alors même qu’il s’agissait souvent d’enfants ou de personnes âgées… Certaines victimes n’avaient pas 7 ans. D’autres en avaient plus de 80! De dangereux combattants, disaient-ils. On aperçoit aussi le regard terrifié, les suppliques des femmes, qui cherchent leurs enfants, leurs maris, leurs pères et qui apprennent qu’il n’y a plus d’espoir… L’épreuve des tests ADN, des reconstitutions de cadavres, si éprouvantes, pour que ces morts ne restent pas de simples ossements si vite oubliés par ceux qui ne peuvent imaginer un telle ignominie… Le plus abominable est peut-être la perversité des exécutants et de leurs troupes qui ont décidé d’éliminer les traces des massacres, en déplaçant les ossements des premiers charniers vers des fosses secondaires réparties sur un peu tout le territoire de l’actuelle république serbe de Bosnie. La guerre était perdue, Milosevic obligé de signer un accord de paix, Mladic et Karadzic en désaccord sur la poursuite à donner aux actions.Resolution 819 Ratko Mladic
Les enquêtes autour des fosses constituent l’un des points clés de ce film, qui a malgré tout un inconvénient  majeur à mes yeux:  faire preuve dans son traitement d’un réel manichéisme, qui  laisse croire que tous les Serbes auraient participé et cautionné les massacres. Une seconde dans le film rétablit la vérité. Trop peu et c’est bien là l’une des évidentes limites! Même cet effort est gommé par les propos d’un exécutant arrêté, qui expose les desseins nationalistes comme s’ils étaient partagés par tous les Serbes.
Mais la vie est là aussi. Malgré les consignes données aux soldats serbes pour que soit imposée la plus forte « insécurité auprès des civils » et pour qu’il n’y ait pour eux aucun espoir de survie ni de vie ultérieure pour les Musulmans, malgré les tentatives du commissaire Français Jacques Calvez, pour prendre de la distance, la vie s’impose. Elle doit prendre le dessus pour témoigner que la folie de certains hommes ne peut pas tuer l’amour, l’accès à la vérité due aux familles des victimes…
Vient alors le temps des arrestations, les règlements de compte et les tentatives pour savoir où se cachent certains des pires criminels et comprendre comment toute cette guerre, notamment en Bosnie, a pu ainsi se dérouler, en dépit des oppositions des chefs Karadzic, Mladic, Milosevic… Cela peut-il suffire, alors qu’il y a tant de « porcs » encore en liberté et hélas considérés comme des héros dans leur pays? Alors que le TPIY de La Haye travestit les mots pour éviter d’affronter de trop cruelles vérités et d’affronter ses propres responsabilités et son impuissance, toutes les histoires, les vivants et les morts croisés continuent à parler de la Haine ordinaire…
fouilles charniers en Bosnie résolution 819

Ce que j’ai aimé dans Résolution 819

– L’essentiel des atrocités de la guerre en Bosnie – dans ce qui est devenu la République serbe de Bosnie – nous est montré sans la moindre sensiblerie
– Peu de moralisme ce qui est dû en partie à l’approche distancée du personnage
– Les témoignages sont forts, car ils sont condensés et extrêmement significatifs ; les mots, les images, les regards se forgent dans la mémoire du téléspectateur
– Le croisement des événements avec le récit d’une jeune volontaire d’origine polonaise qui se rappelle une expérience de sa grand-mère pendant la seconde guerre mondiale, alors qu’elle attend la venue de démineurs pour sortir vivante du piège
– L’acteur bulgare Dimitri Ilic interprète magistralement Ratko Mladic
– Benoît Magimel est efficace dans son rôle de policier enquêteur, à la recherche de la vérité coûte que coûte

Ce que j’ai moins aimé dans Résolution 819

– Un parti pris qui oublie de distinguer l’ensemble des Serbes de la minorité qui a agi et a entraîné la Yougoslavie dans la folie meurtrière : le manichéisme dont fait preuve le film occulte l’existence de Serbes justes et résistants, qui ont tout fait pour s’opposer aux desseins nationalistes
– Une grande complaisance à l’égard de l’Europe et de son impuissance à peine admise
– Une organisation des événements trop linéaire et segmentaire affaiblit un peu le scénario et manque d’originalité : malgré tout ce film de  Giacomo Battiato propose une synthèse instructive
– Quelques scènes sont visiblement invraisemblables mais l’essentiel reste assez vrai
– Une demi heure supplémentaire n’aurait pas été de trop pour moins passer sur ce qui est de notre responsabilité d’européens : le TPI n’a pas toujours fait tout ce qui était possible pour faire surgir la vérité, malgré les preuves accablantes.
picto plusOn sort du film Résolution 819 extrêmement ému et parfois vraiment retourné par ce qu’on peut découvrir en s’interrogeant aussi sur les lâchetés de l’Onu et de l’Union européenne.

Avec : Benoît Magimel, Hippolyte Girardot, Karolina Gruszka, Dimitrije Ilic, Claudio Puglisi, Hector Tenorio, Nevena Rosuljas,
1h36mn

Voir le film (bande son désactivée) en entier (1ère vidéo) ou avec son, par section avec sous-titrage:

Voir le film Rezolucija 819


3 commentaires sur “Résolution 819 (Rezolucija 819): enquête passionnante sur les massacres ordinaires à Srebrenica en Bosnie”

  1. Pour la commémoration cette année il n’y avait aucun représentant officiel du gouvernement serbe…à part Cedomir Jovanovic un libéral-démocrate qui prône une politique anticonformiste et anti-conservatrice de son pays….?

  2. C’est les balkans…on a coutume de dire : « ne mogu sa tobom al ne mogu ni bez tebe » je ne peux vivre avec toi mais je ne peux pas sans toi…

  3. C’est quand même extraordinaire on ne parle jamais des quatre mille victimes civiles serbes massacrées à Srebrenica ! Pour moi le chapitre est clos…lorsqu’on est présent sur place (forces militaires étrangères, casques bleus…) et on regarde passivement ce « soit disant » génocide le vrai coupable ce sont eux et non les factions ethniques en guerre !

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