Foin des nuances entre écrivain-voyageur et voyageur-écrivain… Nicolas Bouvier relèverait plutôt de la première catégorie . Ayant relativement apprécié ses grands livres » L’usage du monde » , « La descente de l’Inde » , « Chronique japonaise » et » Le poisson-scorpion » , j’étais resté sur ma faim en ce qui concerne l’homme , ses motivations et ses sentiments . En effet , Bouvier , de part son éducation calviniste rigoriste (pléonasme) est d’une extrême discrétion sur lui-même dans tous ses ouvrages , ce qui laisse le lecteur frustré ou , à tout le moins , perplexe . Heureusement , « Routes et Déroutes » , oeuvre composée à partir d’une très longue interview de l’auteur , vient combler avantageusement ce manque et apporte tous les compléments et explications dont on peut avoir besoin pour apprécier vraiment ce qu’on a lu . Enfin , l’homme apparait , avec ses souffrances , ses doutes , l’importance de son état de santé du moment etc …On le trouve éminemment sympathique , humain , philosophe et on en tire grand profit . On a l’impression d’avoir rencontré un des derniers grands humanistes de notre temps . On comprend enfin pourquoi ses livres se situent aux antipodes des textes habituels dits « d’aventures » et pourquoi , ils peuvent sembler si didactiques et désincarnés .
Livre indispensable si l’on veut comprendre vraiment Bouvier .