Le slow travel est aujourd’hui en vogue. Derrière cet anglicisme traduit par la terminologie voyage lent, se cache plus qu’une tendance touristique ; une philosophie du voyage … C’est d’autant plus vrai quand on pratique le slow travel en Croatie hors saison… Et si au lieu de faire et de consommer la Croatie, vous preniez le temps de la savourer?
En optant pour le slow travel, un peu comme on s’adonne à la slow food (ou écogastronomie, alterconsommation) pour refuser l’homogénéisation culinaire engendrée par le fastfood, on ne cherche pas à « faire un pays ». Cette expression souvent entendue dans la bouche des touristes consommateurs de destinations, itinérants ou habitués des agences de voyage, résume tout ce que n’est le voyage lent.
En revanche, sans forcément se livrer à des préparatifs, en se laissant porter par le hasard, on apprend à découvrir un pays, ou même un seul lieu, petit à petit, en prenant tout son temps, parfois des semaines ou des mois si possible, et mieux encore, en essayant de s’immerger parmi les habitants pour vivre comme eux et cerner toutes les aspérités qui façonnent un peuple et un pays. Saisir quelques bribes de la vie d’un pays avec ses avantages et ses inconvénients, c’est quand même mieux qu’un transit durant lequel on passe d’un site à l’autre, et ne profite que de ce que les autochtones consentent à donner et montrer aux touristes …
Quand je repense à certains de mes voyages dans les Balkans et aux raisons qui me font aimer les Balkans depuis plus de 20 ans, je me rends compte que rien ne vaut d’écouter, de se perdre et de s’immerger pour s’imprégner de l’âme des personnes qui constituent un pays. Aujourd’hui encore comme si c’était hier, je me souviens bien plus des gens, des échanges dans une langue étrangère commune ou maladroitement menés dans la langue locale que je parlais à peine mais qui donnait l’impression à mes interlocuteurs que je souhaitais mieux les connaître et les comprendre en respectant leurs usages. Je me remémore davantage de moments souvent anodins mais précieux à l’instar de ce repas festif au monastère d’Ostrov en Roumanie ou de mon immersion en Serbie profonde que de certaines destinations que j’ai ramenées dans mon appareil photo, mais qui ne m’ont pas touchée de la même façon. Beaucoup ont presque disparu sans que je le regrette, alors que chaque visage, chaque voix, chaque moment et sujet de conversation s’est imprégné dans mon esprit.
Faire des rencontres s’avère rapidement plus important, enrichissant et stimulant; que de visiter seulement des sites très touristiques. S’imprégner des habitudes locales, quitte à travailler pour financer son lit et ses repas en faisant du woofing, en s’adonnant au couchsurfing pour loger chez les locaux sans intérêt commercial et profiter des connaissances de son hôte, ou en logeant et mangeant chez l’habitant en échange d’une participation financière. Tout mène à la découverte tout réduisant le coût des vacances et en contribuant à un voyage responsable. Comme quoi, parfois, toutes les modes n’ont pas que du mauvais. Faire du slow travel en Croatie, par exemple, c’est choisir de visiter ce pays au carrefour de nombreuses influences, sans chercher à tout voir, à tout faire, au risque de ne remporter que des souvenirs éphémères et banals.
Le Slow Travel: pourquoi savoir prendre son temps en voyage
Pour beaucoup de touristes, un voyage a fortiori quand il s’agit d’un premier séjour dans un pays, rime avec circuit ou itinéraire calibré au millimètre, préparé à l’avance à l’aide de guides voyage papier ou en ligne, organisé autour de réservations de chambres, voiture de location et de vol, et élaboré avec des objectifs trop nombreux et variés. Et tout bon itinéraire passe par une accumulation de visites et d’activités à ne pas manquer, d’incontournables dont on coche les cases pour faire comme tout bon touriste qui se respecte. Sans compter la recherche de bonnes adresses pour sortir, boire et manger qu’on glane auprès d’autres touristes, sans se soucier forcément de la qualité et de l’authenticité de ce qu’on déguste.
Partager la vie des locaux; privilégier la qualité des expériences à la quantité
Pourtant, il est possible de découvrir un pays autrement et idéalement dans une totale improvisation. De l’intérieur. Avec lenteur. En prenant son temps pour explorer un lieu que le touriste pressé ne visiterait qu’en quelques heures ou n’envisagerait même pas. En partant surtout à la rencontre les locaux pour mieux s’immerger à leurs côtés ; comprendre comment on vit au quotidien et partager justement ces petits riens qui font parfois le sel de la vie et les souvenirs de partage. Pour ceux qui souhaiteraient s’adonner aux joies du slow travel, il existe des sites spécialisés comme qui sélectionnent des hébergements où l’on peut saisir tout l’intérêt du voyage lent.
Le slow travel débute en réalité avant le voyage, quand on prend le temps d’apprendre la langue locale. Grâce aux nombreux outils (applications, sites internet (Babel, Duolingo etc), méthodes de langue comme Assimil, communautés de natifs, d’enseignants ou d’étudiants) disponibles parfois gratuitement, l’apprentissage d’une langue, ne serait-ce que pour maîtriser les rudiments, devient presque un voyage en soi. Certes, aujourd’hui, l’anglais suffit en général à bien se faire comprendre partout dans le monde, mais il est évident que l’effort de partager la même langue que son interlocuteur et pas juste une langue étrangère commune, est apprécié et témoigne mieux encore aux autochtones l’intérêt qu’on leur porte.
Le Slow Travel, c’est déjà commencer à rêver d’un voyage «riche» et tout en douceur…
Pratiquer le mode slow travel en Croatie, ce n’est pas céder à une mode, mais adopter une philosophie du voyage qui consiste à voyager avec lenteur, sans trop bouger, en s’immergeant au maximum aux côtés des locaux pour prendre le temps de s’imprégner, écouter, comprendre et partager des émotions …
D’autres sites, blogs et journaux en ligne à l’instar du Figaro ont déjà vanté mieux que moi les avantages théoriques de ce mode de voyage. Aussi, je vous propose de passer plutôt à la pratique avec quelques idées de slow travel en Croatie, puisque c’est de cette manière que j’ai appréhendé, saisi, aimé, savouré et conservé la Croatie dans mes papilles aussi bien que dans mon coeur, bien au-delà des belles villes, îles et des parcs que j’ai pu y visiter …
Slow Travel en Croatie ou comment s’immerger dans une Croatie authentique
Pourquoi faire du Slow travel en Croatie? Précisément parce que la Croatie est désormais une destination touristique montante, très (trop?) attractive en été, qui séduit des touristes de toute l’Europe et même du Canada, de Russie ou de Chine! Or, la Croatie ne se résume pas à des plages et à une collection d’images de cartes postales où se succèdent les Dubrovnik, Split, Trogir, Hvar, Zadar, Plitvice, Krka ou Pula sans qu’on y passe plus que quelques heures!
Il existe encore une Croatie toujours attachée à ses traditions, dotée d’un folklore qui n’est pas seulement entretenu pour attirer les touristes. Une Croatie où l’on découvre la dureté du travail agricole qui régit toujours les rythmes et même les fêtes locales. Une Croatie où la cuisine ne ressemble pas aux offres formatées des « restoran » proposant des cartes aux inspirations internationales (italiennes, autrichiennes, allemandes, etc) et des « konoba » qui même si elles privilégient les spécialités croates voire régionales ne sont plus soucieuses des recettes typiques et de la qualité des ingrédients locaux, frais et préparés au moment.
Si la cuisine croate est présentée à juste titre comme un creuset d’influences méditerranéennes, italiennes, ottomanes, slaves, le plus sûr moyen de s’en rendre compte est de manger chez l’habitant ou à la ferme pour comprendre que les spécialités phares des livres ne constituent pas la base alimentaire au quotidien …La caractéristique principale dont on prend vite conscience à propos de la cuisine en Croatie, c’est la lenteur nécessaire à la préparation de beaucoup de ses plats, quelle que soit la région et à l’élaboration de presque tous les mets et ingrédients qui la composent. Une vraie sensibilité se dégage des plats et fait vite oublier les plats stéréotypés et plus insipides des restaurants de plus en plus préparés avec des produits industriels. La cuisine semble soudain unique, bien plus variée et riche.
L’été n’est pas forcément le meilleur moment pour pratiquer le slow travel en Croatie. Mais dès septembre et pendant tout l’automne, les rituels culinaires et les fêtes gastronomiques se succèdent. S’installer en Dalmatie ou en Istrie pour y prendre part devient donc une évidence.
Le Slow travel en Croatie pourrait ainsi débuter par cette rencontre avec les saveurs à l’honneur dans la cuisine croate familiale. Bien sûr, beaucoup de foyers en Lika comme en Dalmatie fabriquent leur propre fromage et leur jambon fumé qu’on déguste sans se presser avec des tranches de fromage frais (basa) ou à pâte molle, du pain maison et un filet d’huile d’olive odorante, élaborée à partir d’olives cueillies à la main avec une minutie inimaginable. Le tout s’accompagne d’un vin généreux en fruits produit souvent avec la vendange de quelques vignes dans le jardin.
Il y a les inévitables rituels réunissant les familles autour d’une grande table remplie de plats. On voit les choses en grand quand on reçoit en Croatie et on aime montrer à ses invités que tout est fait pour leur faire plaisir! Et puis, il y a surtout ces repas de tous les jours où l’on mange simplement, presque toujours des produits frais, qu’on élève, cultive dans son jardin ou achète sur les petits marchés. Et on découvre ce rythme très particulier des repas qui débute dès le petit matin par le petit-déjeuner, se poursuit par l’encas de la matinée, puis se poursuit par des prises alimentaires selon l’humeur jusqu’au soir.
Sur les îles comme Vis, Lastovo, Hvar ou Dugi Otok, plutôt que de rechercher les sites à voir et les plages à faire absolument, que diriez-vous d’embarquer sur des bateaux aux côtés des pêcheurs locaux pour trouver les poissons qui constitueront le repas du jour? Plus qu’un réflexe, une tradition que les habitants transmettent dès le plus jeune âge et acceptent de partager avec certains voyageurs.
On passe la journée en mer à attraper le poisson au filet, et surveiller le brodet ou brudet (sorte de bouillabaisse locale – prononcez broudette) dont chaque île dalmate prétend posséder la meilleure recette. Dans un grand chaudron ou une casserole, dans l’esprit de la fis paprika de Slavonie qui est la version du brodet des rivières, on ajoute tous les crustacés, mollusques et poissons fraîchement péchés, du vin blanc, des tomates (pour remplacer le paprika et le poivron) et on laisse le tout lentement mijoter, jusqu’à la dégustation en accompagnement d’un peu de riz… Découvrir la cuisine croate en mode slow travel, c’est bien participer aux pêches, aux élaborations des produits artisanaux et pas seulement les savourer…
Dans un pays où le mode d’hébergement chez l’habitant est une tradition ancienne et où la vie est parfois encore très dure malgré l’intégration dans l’Union européenne, les sobe et l’agriturizam garantissent de loin la meilleure immersion et aident les locaux à survivre et subvenir à leurs besoins grâce à un tourisme plus solidaire. Et pour ceux qui ne voudraient pas totalement anticiper, ou se laisser aller à l’aventure complète, rien ne vous empêche de découvrir cette forme de voyage en vous inspirant de Slow Travel Magazine, l’un des pionniers et une référence bien utile pour repérer des petits coins parfaits pour prendre son temps en vacances.
Voici donc quelques suggestions de découvertes de destinations pour apprécier la « vraie » Croatie en sortant un peu des sentiers battus pour en saisir les identités.
Ivresse des grands espaces dans la région de Plitvice
Beaucoup de touristes limitent souvent la région de Lika à son parc national des lacs de Plitvice parmi les plus impressionnants d’Europe avec sa végétation luxuriante, sa multitude de chutes et ses lacs entrelacés. Ce qui distingue justement le voyageur lent du touriste, c’est ce sentiment que les sites incontournables, si beaux soient-ils, ne toucheront pas forcément autant que les expériences en liberté et les rencontres avec les autochtones désireux de partager la connaissance de leur milieu.
Car la Lika Senj tournée entre moyenne montagne, vallée tranquille et ruralité est une terre de grands espaces. Si les rivières Gacka, Una et Korona sont au coeur de l’écosystème de Plitvice, on ne les appréhende jamais aussi bien qu’en quittant le parc! En barque, en rafting, on s’efforce sans jamais y parvenir de dompter les eaux turbulentes, en acceptant de devoir prendre son temps pour s’adapter à leurs mouvements imprévisibles.
Arpenter les forêts denses, les massifs et la vallée verdoyante de Korenica à cheval, c’est adopter l’un des modes de transports les plus efficaces pour se fondre dans l’environnement et explorer ces chemins que seuls les locaux connaissent. Les forêts nourricières sont une source presque inépuisable de découvertes.
Rien ne vaut un séjour chez l’habitant à la ferme par exemple à Mrzlin Grad dans le chalet de Branko et Sonija, où l’on saisit rapidement tout ce que le parc Plitvice ne révèle pas de sa région. Hors saison, Branko nous accompagne sur les traces des ours bruns et des nombreux animaux qui peuplent ce territoire, tandis que Sonja, son épouse, s’emploie derrière les fourneaux pour faire découvrir le meilleur des spécialités culinaires de Lika.
Ses recettes variées autour des truites pêchées dans la rivière toute proche pour le repas du soir sont tout aussi succulentes que ses préparations à base de gibiers en sauces, de viandes cuites sous la cloche accompagnées de polenta ou de pommes de terre. Une expérience culinaire remplie d’émotions. Autant de prétextes pour consacrer ses vacances aux environs de Plitvice plutôt que de courir tous les parcs nationaux et naturels croates pour faire comme les autres touristes!
Une autre approche de la Croatie Adriatique et de son art de vivre
Quand on évoque les îles croates, les voyageurs envisagent toujours les plus connues et touristiques, car elles sont référencées dans tous les guides voyage. Mais justement, il est parfois bon de quitter les évidences pour comprendre ce qu’est la vie sur les îles telle que les insulaires l’appréhendent.
Jouer les Robinson dans une cabane de pêcheur sur les îles Kornati
La majorité des touristes abordent les îles Kornati le temps d’une journée en gros bateau de plus de 100 personnes, avec une agence touristique. Parfois, ils tombent sur un habitant comme Jure qui possède un petit bateau, connaît vraiment bien l’archipel et le fait découvrir de façon moins formatée.
Se perdre dans le dédale de rochers et d’îlots constituant l’archipel des Kornati et son parc national est encore la meilleure manière d’appréhender un environnement à la fois mystérieux et déconcertant, souvent hostile. Contrairement à ce que ressentent certains touristes frustrés d’avoir vu principalement de l’eau lors du trajet ou des cailloux dans la mer et de n’avoir pas pu profiter de la baignade lors d’une trop courte pause, un long séjour en Robinson livre un peu des richesses de cet espace insulaire à part parmi les îles croates.
D’île en îlot sur un petit bateau rapide, en voilier, en kayak ou sur le bateau d’un habitant du littoral ou des îles de l’archipel de Zadar ou de Dugi Otok, on navigue, se pose sur un rocher, prend le temps d’une baignade dans une petite crique sauvage à l’eau d’un bleu translucide.
Loger dans l’une des rares cabanes de pêcheurs proposées aux voyageurs à certaines périodes, c’est se couper du monde, renoncer au confort de la vie moderne, loin de tout, de tout réseau, d’internet, de la télévision et même de l’électricité et de l’eau courante. C’est attendre les petits bateaux venant du continent qui approvisionnent en subsistances élémentaires à conserver dans des bacs de sel pour la semaine ou plus.
La journée est rythmée par la pêche idéalement en compagnie d’un pêcheur qui accepte de partager ses techniques bien particulières et la contemplation des paysages lunaires ou pour les amateurs, l’exploration des fonds marins les plus beaux de Croatie. Une expérience magique pour prendre la mesure des îles probablement les plus secrètes de Dalmatie.
Si vous ne voulez pas renoncer à tout confort, il existe quelques maisonnettes permettant d’avoir un aperçu de ce mode de vie sauvage, dans un espace éloigné des foules. N’hésitez pas à renouer avec l’essentiel en choisissant la maison Antonia louée par Yvonne et Jure, qui réalisent aussi de belles excursions dans les îles Kornati à bord d’un petit bateau rapide, avec guide francophone.
Mljet, l’île verte : un état d’esprit de la Dalmatie méridionale
S’il y a bien une île qui invite à la détente, c’est l’île de Mljet, l’une des préférées des touristes français. Même en été, Mljet apparaît comme paisible par rapport aux îles dalmates de Korcula, Brac ou Hvar, où se pressent beaucoup des touristes étrangers. Il serait réducteur de croire que son parc national réparti sur un tiers de son territoire, constitue le seul centre d’attraction de ce petit bout de terre aux inspirations méridionales.
Mais justement, ce que j’aime sur l’île de Mljet, ce sont surtout les habitants et leur mode de vie. Sous une apparente indolence et une impression de lenteur appréciable pour les voyageurs, les insulaires vivent au rythme des saisons et sont très tournés vers l’autarcie pour vivre de la mer et de la terre nourricière.
Un séjour à Kozarica chez la famille Cumbelic suffit à s’en convaincre et dès lors, on n’a qu’une envie : prendre son temps pour apprécier l’âme de Mljet, bien au-delà de l’attractivité de son parc national et ne plus quitter ce havre de paix. Blazenka (francophone) et sa famille sont l’exemple même de cette philosophie et la meilleure raison de découvrir l’île de Mljet. Leur hospitalité, leur générosité, leur disponibilité et leurs efforts pour toujours faire plaisir aux hôtes et leur faire découvrir les traditions et saveurs de leur île font d’un séjour dans leur maison une expérience, bien plus qu’une simple étape où manger et dormir.
Vendanges dans l’arrière-pays de Dalmatie du Nord
Certes, la Dalmatie est la région la plus touristique de Croatie, mais elle se prête très bien à la pratique du slow travel en Croatie. Il n’est pas si difficile de quitter les sentiers battus du littoral où les stations balnéaires et les villes font le plein de touristes et ont définitivement perdu leur authenticité et parfois leur identité, pour se hasarder dans l’intérieur des terres. Les paysages ne sont probablement pas aussi impressionnants que sur la côte dentelée, mais leur âpreté fait aussi leur charme et la rudesse de la vie ne fait pas oublier le sens de l’hospitalité et la générosité de leurs habitants prêts à donner ce qu’ils n’ont pas pour faire plaisir aux voyageurs.
A 10 km à peine du parc national de Krka, dans la région de Sibenik Knin, le hameau de Radonic est le parfait point d’ancrage pour explorer cette Dalmatie profonde. Pourtant, le bord de mer et Sibenik ne sont qu’à 20 km!
A la ferme Kalpic devenue un agrotourisme réputé, on trouve gîte et couvert et peut profiter de l’engagement passionné des deux soeurs hôtesses, Ivana et Anita qui oeuvrent pour faire découvrir la richesse culinaire, les traditions et les modes de vie de la Dalmatie. Quand la fin de l’été s’annonce, sonne le temps des vendanges. Les hôtes, sur demande bien à l’avance, peuvent prendre part au travail de récolte des raisins à condition d’avoir une petite expérience, avant de suivre l’élaboration du vin de la maison, qui est servi à tous les clients séjournant à l’agriturizam. C’est bien plus agréable et enrichissant, reconnaissons le, que de se poser en consommateur en s’attablant simplement dans la konoba pour déguster une peka, une pasticada ou du prsut de la maison!
Se couper du monde moderne à Lonjsko Polje en Croatie centrale
En Croatie centrale, le parc naturel de Lonjsko Polje est peut-être la meilleure destination imaginable pour pratiquer le slow travel en Croatie. Dans ce parc d’environ 40 km marqué par les marécages et le système fluvial alimentant la Sava, quelques villages sont de véritables havres de paix au bord de la rivière.
Tout donne l’impression qu’ici le temps s’est arrêté et qu’on vit loin de la civilisation moderne, alors que la capitale avec ses airs de métropole est à 90 km à peine. On se croirait revenu plus d’un siècle en arrière si l’électricité et l’eau courante ne venaient apporter un confort élémentaire. Dans les Hida, maisons de bois à l’architecture typique que les habitants s’efforcent tant bien que mal de protéger car elles sont uniques, le confort est rudimentaire. Pourtant, l’ambiance y est chaleureuse comme chez Igor et Mladen qui m’accueillent avec une hospitalité rare. Et les maisons s’avèrent être de petits cocons presque douillets, où on ne manque finalement de rien. Certaines maisons disparaissent, d’autres se modernisent ou se construisent selon les critères contemporains et rompent l’harmonie du paysage. La route depuis Sisak à partir du 10ème km suit la rivière et crée une forme de permanence trompeuse puisque la Sava est capricieuse et produit souvent des crues.
Explorer Lonjsko Polje aux côtés des habitants, c’est l’éloge de la lenteur et de la répétition ; à ceci près que ce côté répétitif n’a rien d’ennuyeux, ni de frustrant. Chaque jour ressemble au précédent, ponctué par des heures de pêche à la ligne ou à l’aide de filets traditionnels déployés avec une ingéniosité rare par les pêcheurs locaux, pour trouver la nourriture de son prochain repas, quand on ne la cherche pas dans le jardin ou dans les champs.
On ne découvre jamais mieux Lonjsko Polje que sur l’eau de la Sava ou de ses divers affluents qui s’infiltrent dans la plaine danubienne … Entre activités agricoles et de pêche, randonnée à vélo ou à pied, balades en bateau et observation des oiseaux de la réserve ornithologique, le parc naturel s’explore en douceur et avec beaucoup de patience, à condition de se glisser dans la peau du voyageur curieux et actif plutôt que du touriste passif et simple observateur.
Lonjsko Polje, les îles Kornati et la région de Plitvice sont autant de sites appropriés pour changer ses habitudes de voyage et apprécier la Croatie avec lenteur, dans tout ce qu’elle a d’authentique et de magique… J’aurais pu ajouter la merveilleuse Slavonie forte de ses traditions de ruralité et d’écotourisme, mais ce sera dans un prochain article!
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