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Musée à Bucarest : le musée de la radio ; une visite insolite

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Les salons du livre organisés par la Société Roumaine de Radiodiffusion ou les expositions accueillies par la Salle de concerts Mihail Jora, présentent souvent des images en noir et blanc illustrant le Bucarest de l’entre deux guerres ainsi qu’une collection de postes de radio de la même époque.

Brillants et toujours en état de fonctionnement, ces postes de radio semblent chercher à démontrer leur utilité. On peut d’ailleurs facilement imaginer ces appareils chez nos grands parents, sans un grain de poussière dessus. Ces précieux objets prennent une place spéciale à l’occasion de tous les événements où la radio roumaine est présente.

Mihai Gheorghe est le créateur de cette collection de postes de radio récupérés en fouillant les combles des maisons de ses parents et amis et ou en fréquentant les braderies. Ce spécialiste en électronique, a consacré pendant une vingtaine d’années de nombreuses heures de travail à la remise à neuf de ces véritables joyaux de la technique. C’est lui qui a eu l’idée d’exposer cette vaste collection dans les locaux de la Radio Roumaine.

“C’est le fruit d’une passion. J’y ai mis toute mon âme. L’un de mes désirs les plus chers était d’exposer ces appareils et de faire un musée de la Radio. Le musée est consacré non seulement à la Radio Roumaine, mais aussi aux postes de radio. Un appareil de radio est pour moi un véritable objet d’art. On peut écouter la radio partout dans le monde. C’est le moyen de communication parfait.”

Le petit musée aménagé depuis 2003 dans la Salle des Concerts de la Société Roumaine de Radiodiffusion, retrace l’évolution des récepteurs radiophoniques, à commencer par les petits appareils à galène, jusqu’au premier récepteur produit en Roumanie. Gheorghe Mihai est notre guide dans ce musée consacré aux appareils de radio.

“La pièce la plus précieuse de la collection est un Telefunken T10 de 1925. Il compte parmi les premiers récepteurs Telefunken, et les premiers appareils produits en série. L’histoire de la radiophonie commence en 1920 en Allemagne, avec la production du premier appareil de radio à lampes. Le premier récepteur roumain, nommé Record S49U a été assemblé avec des pièces soviétiques et sur une licence soviétique. C’était un appareil assez simple, à trois longueurs d’ondes, fonctionnant au courant alternatif ou continu et qui supportait toutes les tensions utilisées à l’époque. Sa taille est assez réduite. Toujours en état de parfait fonctionnement, il se trouve à présent au musée de la Radio.”

Le Téléfunken, est un cadeau qu’un ami de Mihai Gheorghe a offert à ce passionné des radios, après en avoir hérité de ses grand parents. C’est une pièce à trois lampes, deux magnétos, une bobine interchangeable pour chaque longueur d’onde et à batteries d’accumulateurs, explique l’enthousiaste Mihai Gheorghe. Un autre récepteur, celui à galène a presque la même valeur de collection que le Téléfunken. Construit pendant les années 1925 – 1926, l’appareil, complètement remis à neuf, utilise le principe du grand inventeur Tesla. “C’est la reproduction, si je peux m’exprimer ainsi, d’un appareil cassé, que j’ai trouvé. Ce n’est que plus tard, que j’ai découvert sa valeur.” précise le collectionneur.

Mihai Gheorghe explique la valeur sur le marché, des récepteurs les plus anciens de sa collection:
“Leur valeur n’est pas grande. Tout dépend de l’année de leur fabrication. Je ne peux pas vous donner un prix, car je ne le connais pas. Il est impossible d’établir le prix de ces récepteurs anciens en parfait état de fonctionnement. On ne répare pas un tel appareil, on doit le restaurer. On commence avec le tissu, le bois de la carcasse et puis on passe au côté mécanique. Ce sont les principales étapes d’une restauration. Ce n’est qu’à la fin de ce long processus, que ces appareils ont vraiment une valeur.”

Les récepteurs anciens sont des pièces très rares, découvertes chez des amis ou aux braderies régionales. Chaque fois qu’il se trouve devant un poste de radio d’époque, Gheorghe Mihai est curieux de découvrir son état. Parfois l’état des carcasses est assez précaire, mais il y a aussi des cas où le récepteur ne fonctionne simplement pas. Il les remet à neuf complètement, même le bois de la carcasse et les ornements. La rareté de ces appareils s’explique aussi par le fait qu’au début, ils coûtaient assez cher, étant ainsi de véritables produits de luxe.

“A l’époque, les récepteurs radio coûtaient assez cher et c’était très difficile de s’en procurer un. Il vous fallait même une autorisation délivrée par la Sûreté de l’Etat. Plus tard, les lois ont changé et le nombre des abonnés et des postes de réception a augmenté considérablement. Pourtant, peu de gens avaient la possibilité d’acheter une radio. La plupart des premiers radioamateurs assemblaient eux-mêmes des récepteurs radio à cristaux de galène. C’était l’appareil de radio le plus simple et le plus économique, car il ne consommait rien. »

Mais qu’est ce qui a poussé Mihai Gheorghe à collectionner des récepteurs radio et à leur consacrer même tout un musée ?
“Cette passion a commencé dans mon enfance. Je me souviens que mon père avait construit pour moi un récepteur à cristaux de galène. Ce n’était pas son métier, mais aimait assembler des radios. Ma curiosité est née alors et je voulais absolument apprendre comment l’objet fonctionnait. Pourquoi les chanteurs sont-ils dans la boîte ? J’ai désassemblé le poste lorsque mon père était au travail et je l’ai caché pour qu’il ne découvre mon exploit. Le lendemain, mes parents partis, mon premier souci était d’assembler et de faire remarcher ce récepteur. Finalement, j’ai réussi. Ce succès a été très important pour moi. Ce fut, je crois, le début de ma passion qui a continué plus tard aux différentes entreprises où j’ai travaillé : l’usine Electronica et la Maison Radio Popular. Mais revenons au musée. Il y a plusieurs années, j’ai commencé à me passionner pour les radios. Et c’est alors que j’ai commencé ma collection. Après une exposition que j’ai organisé en 1998, ici, à la Maison de la Radio Roumaine, pour la fête de l’institution, plusieurs visiteurs m’ont encouragé à fonder un musée, avec ces récepteurs radio. Au début, j’ai ignoré cette proposition, mais, plus tard j’ai pensé à rassembler tout ça dans un musée pour éviter que ces postes, tant choyés, ne se perdent.”

Et voici maintenant, avec le même interlocuteur, qui a travaillé de nombreuses années dans le domaine, un historique des postes de radio fabriqués en Roumanie:
«En 1933, à Oradea (dans le nord-ouest de la Roumanie), voyait le jour le premier atelier d’assemblage des récepteurs radio par la firme Philips. A part elle, il y en avait d’autres sur le marché roumain, mais le nombre de leurs récepteurs était moindre. En 1934, un nouvel atelier de Philips s’ouvrait à Bucarest. C’est là que fut également créée la Société Anonyme Roumaine – SAR Philips».

En 1937, Philips construisait une usine de récepteurs qui produisait en 1938 11 types d’appareils radio et, en 1941 – 42, 17. Pendant la deuxième guerre mondiale l’usine fut intégrée à l’économie du Reich et commença à produire des jouets en bois, des boutons, des réverbères et des porte-cigarettes. Son siège social fut détruit par un bombardement en 1944 et l’usine produisit ensuite des appareils transmettant des messages en morse pour le front. Mihai Gheorghe nous raconte aussi ce qui s’est passé après le 11 juin 1948 – date de la nationalisation par le régime communiste :
«SAR Philips et deux autres usines furent réunies sous le nom de Radio Popular, jusqu’en 1959. En janvier 1960 s’ouvraient les Usines Electronica, où furent assemblés les premiers récepteurs roumains, sous label soviétique. Toutes les composantes étaient de provenance soviétique».

Et les émissions qu’ils transmettaient portaient la marque soviétique elle aussi :
«Evidemment. Cet appareil s’appelle Record S-49 U. Il en existe un exemplaire dans notre musée. Nous en sommes très fiers parce que c’est le premier appareil radio roumain. Peu importe qu’il fut fabriqué sous licence Philips ou sous licence russe. L’important c’est qu’il s’appelait Radio Popular. Au fil des années, les nouveautés s’enchaînent, côté fabrication, en Roumanie. En 1960 voit le jour le premier poste de radio à transistors, cette fois-ci sous licence française. Il s’appelle «Solistor» et comporte deux grandes piles carrées. D’autres suivront : «Primavara», «Turist» – appareil à composantes françaises et «Sport» – le même type d’appareil, mais de conception roumaine, cette fois-ci. Le premier récepteur à transistors doté de bande FM apparaît en 1961. Deux ans plus tard, on fabrique également la première radio de poche, de la taille d’un paquet de cigarettes. Elle s’appelle Electronica S 632. Finalement, les derniers postes de radio Thomas à circuits intégrés et à transistors datent de 1989.Les dernières radio à lampes remontaient à 1969».

Des passionnés d’objets anciens signalent sans cesse à Mihai Gheorghe l’existence de radios qu’il « doit à tout prix » ajouter à sa collection. Alors, celle-ci s’agrandit constamment et des pièces de grande valeur viennent compléter le petit musée de la Radio Roumaine.
« On a ici toute l’histoire de la Radio, à commencer par les acteurs, les musiciens, les interprètes, jusqu’aux techniciens. La Radio, ce sont les oreilles et l’âme du peuple. J’ai offert cette collection à la Radio pour qu’elle représente toujours cette institution, pour qu’elle soit son emblème », affirmait Mihai Gheorghe.

Documentaire réalisé par : Andreea Demirgian, Eugen Cojocariu, Mihai Gheorghe
Traduction : Ioana Lutic, Valentina Beleavski, Alexandru Diaconescu
Photos : Mirel Toma, Eugen Cojocariu

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