Que diriez-vous si nous embarquions pour un voyage le long du Danube en Serbie? Depuis la Voïvodine au nord de Belgrade, jusqu’aux portes de fer marquées par les paysages du parc national de Djerdap dont les gorges façonnent des panoramas superbes, vous prendrez la mesure des trésors que recèle la Serbie et de sa variété ethnique et culturelle.
Le Danube en Serbie se mérite ; plus qu’un fleuve, un trait d’union
Quand on évoque les croisières et voyages pour découvrir le Danube en Europe, on ne songe pas spontanément à la Serbie. On songe surtout au beau Danube bleu vanté par les valses de Strauss qui est plutôt verdâtre en Autriche. On envisage la Hongrie avec sa capitale Budapest au coeur de la région de Danubie centrale, ou au delta du Danube en Roumanie dont la variété de la faune et de la flore en fait l’une des plus belles réserves naturelle du monde et un écosystème fragile. Mais la Serbie semble anecdotique, alors que 9,5% du trajet du Danube y trace son sillon.
Certes, le deuxième plus long fleuve européen traverse 10 pays et quatre capitales : Vienne, Budapest, Belgrade et Bratislava. Cette importante voie fluviale a longtemps constituée une frontière naturelle, culturelle et historique en Europe et c’est probablement en Serbie que l’on prend le mieux conscience de ces siècles d’histoire passionnante et finalement assez peu connue des voyageurs. Qui dit Balkans dit multitude de populations et vagues de migration. Le Danube a contribué à ces interpénétrations. C’est aussi un Danube plus sauvage, peu ou pas touristique et surprenant. Répondrez-vous à l’invitation d’Hélène Despic de Nouvel Est et aurez-vous envie de vous aventurer le long du Danube en Serbie?
De tous les pays nés de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, la Serbie est certainement l’une des plus méconnues et reste teintée de préjugés qui expliquent pourquoi les touristes ne l’envisagent pas (à tort) comme destination. Même si sa capitale, la festive ville de Belgrade, commence à gagner en notoriété, le pays souffre toujours d’un déficit d’image lié à la politique de ses dirigeants pendant les guerres des années 90. Il a pourtant des atouts : une énorme diversité culturelle, des traditions vivaces, et des paysages surprenants.
Une fois n’est pas coutume, Beograd, la ville blanche, qui condense deux millénaires d’histoire, ne sera pas le centre névralgique de notre séjour en Serbie. La vieille ville dont la forteresse Kamelegdan, l’une des 7 gardiennes du Danube en Serbie, surplombe le fleuve, mériterait un voyage à part entière. Fût-ce pour un week end prolongé. Belgrade est pourtant la seule capitale européenne à être au croisement de plusieurs fleuves. La Sava, venue de Croatie rejoint le Danube en un site très tendance à Belgrade, Confluence, où la jeunesse belgradoise se retrouve pour faire la fête dans les péniches et les clubs à la mode.
La Voïvodine ; un creuset de diversité ethnique et spirituelle en Serbie
Première étape de notre voyage en Serbie le long du Danube : la Voïvodine, qui fit autrefois partie intégrante de l’Autriche-Hongrie et qui est aujourd’hui la plus multiethnique de toutes les régions de l’ex-Yougoslavie. Avec d’abord Novi Sad, avec la forteresse de Petrovaradin, ses cathédrales catholique et orthodoxe, sa synagogue.
Mais Novi Sad, surnommée la perle de la Voïvodine, n’est pas la seule ville représentative de l’âme de cette région. Sremski Karlovci fait figure de lieu de la renaissance spirituelle serbe après la conquête ottomane de la Serbie. Le monastère de Krusedol, un des seize monastères de la région de la Fruska Gora, lieu réputé pour ses vins.
Les caves et les fermes dans la traditions de l’agrotourisme offrent des étapes très agréables pour prendre le temps d’apprécier la Voïvodine et sa route des vins serbes. A commencer par la cave Milanovic et la ferme Salas Stojsic à Krcedin.
Pour comprendre la diversité, un petit tour à Kovacica, un village slovaque avec une forte communauté hongroise, où naquit après la Seconde guerre mondiale un des plus intéressants mouvements de peinture naïve de l’ex-Yougoslavie (à côté de la très réputée école croate de Hlebine regroupée dès les années 30 autours d’Ivan Generalic).
C’est un peu plus loin, à Banatska Palanka que l’on prend le bac pour gagner la rive sud du Danube, près de la forteresse de Ram, là où le fleuve est pratiquement le plus large.
Le fleuve passé, les paysages urbains changent du tout au tout. Finis les villages aux maisons alignées le long d’une rue principale, place aux hameaux dispersés. Mais si l’habitat a changé, on mange de la même manière de part et d’autre. Les grosses marmites de poissons du Danube laissent échapper les mêmes fumets.
Même si depuis la construction du barrage hydroélectrique de Djerdap, à la frontière serbo-roumaine, un legs du tandem Tito-Ceausescu, les deux caciques communistes du XXe siècle, on ne trouve plus d’esturgeons cer ces poissons ne peuvent plus remonter le fleuve.
Le périple se poursuit de Smederevo et sa forteresse à Tekije, avec des étapes, notamment pour s’étonner devant le mystère de Lepenski Vir, cette civilisation préhistorique vieille de plus de 8000 ans, qui vivait de pêche et de cultures au pied des Portes de Fer.
Lepinski Vir selon certains spécialistes comme Dušan Borićest l’incarnation de la transformation de l’Europe pré-néolithique et ce site mésolithique-néolithique fascinant a apporté de nouvelles données sur la complexité des mondes pré-néolithiques dans le Sud-Est de l’Europe. Découverte dans les années 60, elle nous a laissé quelques tombes et foyers, et quelques sculptures à l’humanité poignante.
Les gorges des Portes de Fer ; le goût des espaces sauvages
Avant de gagner par la voie fluviale les Portes de Fer, ce point du cours du Danube, où le fleuve est le plus étroit, il convient d’en admirer les contours vus d’en-haut. Pour cela, rien ne vaut une petite promenade dans le parc national qui surplombe les gorges. De préférence en compagnie d’un garde-forestier.
Une promenade en bateau permettra ensuite d’en prendre la mesure et d’en découvrir la face cachée du parc national de Djerdap, les anciens trésors comme la Table de Trajan, l’empereur romain qui a conquis les Balkans, ou le kitchissime et récent visage sculpté de son ennemi Décébal, le roi des Daces (ancêtres des Roumains), érigé dans les années 90 par un homme d’affaires roumain.
Le roi Décébal sur la rive roumaine du Danube
Dans cette zone, comme dans toutes les régions frontalières du monde, Serbes et Roumains ont longtemps vécu côte à côte. Mais les communautés roumanophones de Serbie ont conservé leur propre histoire et leurs propres traditions. On les appelle les Valaques et nous sommes allés les rencontrer. Nous avons visité leurs somptueux et démesurés cimetières et participé à leurs rites funéraires venus d’un autre âge, celui où l’on croyait que l’au-delà était sombre et froid et qu’il fallait procurer au défunt tous les biens dont il se servait quand il était vivant, y compris l’eau et la lumière, pour affronter cet autre monde. Et puis, accompagnés d’un ethnographe local qui a déchiffré ces coutumes, nous avons chanté et dansé avec eux.
Danse dans un village valaque de l’est de la Serbie
Vendanges au monastère de Bukovo ; une temps de partage
Cette région de l’est de la Serbie est aussi connue pour ses vins et ses cépages. Cette route des vins serbes est moins réputée que celle du parc national de Fruska Gora, mais elle n’a rien à lui envier en terme de traditions et d’expériences. On y trouve notamment des Tamnjanika, une sorte de muscat qui donne un vin rouge si léger qu’on le dirait presque « frisante », à l’italienne. On les cultive dans des monastères, comme celui de Bukovo, où nous fîmes l’an dernier une demi-journée de vendanges avec les moines, ou encore dans de pittoresques villages, comme celui de Rajac, coupés en deux, le village d’habitation en bas de collines, et les chais (pimnice en serbe) sur les hauteurs. Les vignes du père Platon nous plongent dans cette viticulture encore traditionnelle. Dans le village du haut, constitué de chais, les vignerons gardent leur vin, à bonne température.
« J’ai adoré la visite au monastère de Bukovo et les conversations avec le jeune pope. Le plus de ce voyage a été les rencontres avec des gens du pays et de plus dans leur maison ce qui ne doit pas être monnaie courante en voyage organisé. Et au-dessus de tout cela la bonne ambiance due au petit nombre de touristes que nous étions ».
Mireille K
Pour compléter le tour de cette région de la Serbie de l’est, il fallait nécessairement faire une halte à Gamzigrad, un site romain connu également sous son nom original de Felix Romuliana, un complexe bâti à la gloire de sa mère par l’empereur Galère. Il s’agit du seul site romain de Serbie placé sous la protection de l’Unesco.
Site de Felix Romuliana
Fin de parcours à Belgrade, la ville blanche, où il fait bon flâner le long des berges de la Save ou du Danube, à pied ou en vélo dans la journée, et sur des péniches le soir pour aller dîner ou danser.
Hélène Despic
Comment découvrir le Danube en Serbie avec une agence de voyage?
Nouvel Est est une agence de voyage créée par une ancienne journaliste de Libération ayant couvert tous les conflits de la région. Hélène Despic a décidé de choisir pour son premier circuit touristique un parcours qui suit le Danube, de la très austro-hongroise Novi Sad aux imposantes Portes de Fer, à la frontière de la Bulgarie et de la Roumanie. Nouvel Est a suivi en minibus cette route la première fois en septembre 2017 avec 9 voyageurs, dont la plupart venait pour la première fois dans ce pays.
Nouvel Est propose le prochain départ du 25 mai au 2 juin 2019.
Prix : 995 euros sur la base d’une chambre pour 2 personnes.
En savoir plus sur le voyage en Serbie au fil de l’eau..
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