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Les traditions de Pâques en Roumanie chez les Orthodoxes et les Catholiques

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Voici un petit tour d’horizon des traditions de Pâques en Roumanie chez les Orthodoxes et les Catholiques, principalement présents en Transylvanie. Les oeufs peints sont l’un des symboles les plus connus qu’on retrouve dans toute l’Europe centrale et orientale comme les pisanki en Pologne, les pyssanka en Ukraine voisine. Il y a également des plats traditionnels et d’autres rituels marquent l’une des fêtes chrétiennes les plus importantes pour les Roumains.

Autrefois, la Pâque était le temps sacré du pardon et de la purification. Après 40 jours de jeûne, toute la nature participait au miracle de la résurrection du Christ. De nos jours, les églises résonnent encore de chants annonçant le même miracle. Les gens se préparent minutieusement pour cette sainte célébration : ils s’occupent des champs, nettoient leur maison, lavent leur linge… Tout cela parce que l’on dit que les jours de Pâques, le ciel s’ouvre et les esprits des morts reviennent sur terre. Les vivants allument des feux dans la cour pour les réchauffer et gardent le silence. Jadis, les bergers se réunissaient sur les collines, autour de feux immenses – appelés « feux de veille » – et racontaient des histoires liées la résurrection.


Les traditions de Pâques en Roumanie à travers les régions

A part le côté culinaire dont tout le monde se préoccupe ces jours-ci – on prépare surtout des œufs rouges, des brioches – cozonac ou les plats à base d’agneau, chaque région de Roumanie a ses traditions. Par exemple, en Bucovine, dans le nord-est, la nuit de Pâques on allume de grands «feux de veille» sur les collines. Les gens se réunissent autour de ces feux pour raconter des histoires de la vie de Jésus, tandis que les garçons sautent par-dessus ce feu pour éloigner les mauvais esprits.

 Toujours en Bucovine et toujours la nuit de Pâques, les jeunes filles montent dans le clocher de l’église du village pour laver la langue de la cloche avec de «l’eau non – commencée». «L’eau non – commencée» est sortie de la fontaine par une personne qui ne parlera pas jusqu’à ce que cette eau ne soit pas utilisée pour laver la cloche. Ensuite, à l’aube, les jeunes filles se lavent elles – mêmes avec cette eau pour être belles toute l’année.

Peindre les œufs est une tradition ancienne répandue partout en Roumanie. Mais en Bucovine, cette pratique a des dimensions tout à fait spéciales. On utilise les motifs folkloriques traditionnels tels l’épi, le soleil, la feuille ou la croix, mais les œufs peints en Bucovine sont d’une beauté rare, voire unique une Roumanie.

En Transylvanie, le lundi de Pâques, les jeunes hommes habillés en costumes traditionnels arrosent avec du parfum les jeunes filles. Celles – ci, à leur tour, leur offrent quelque chose à boire et de petits cadeaux. Selon la coutume, ces filles auront de la chance toute l’année, alors que les garçons qui oublient cette pratique auront de la malchance. Aujourd’hui c’est du parfum, mais autrefois les filles étaient arrosées avec de l’eau des fontaines.

Ţara Moţilor – la contrée des Moti – est une région centre – ouest de la Roumanie. Ici, la simandre de l’église est apportée au cimetière du village, où les jeunes hommes doivent la garder pendant la nuit de Pâques. S’il quelqu’un réussit à voler la simandre, ceux qui l’ont perdue doivent offrir aux autres un repas riche. Si les personnes qui essayent de voler la simandre ne réussissent pas, elles devront préparer le repas.

Voyons maintenant comment l’Olténie se prépare pour la fête de Pâques. C’est l’ethnologue Cornel Balosu qui nous le dit :
«La Semaine Sainte en Olténie comporte une série de rituels très complexes qui expriment l’importance de cette fête pour toute les communautés de la zone. Ainsi, le côté religieux de la fête est doublé par des aspects magiques liés au changement du temps, à la santé de l’homme, à la protection de l’espace où l’on vit. Le matin de Pâques, en Olténie, on remarque une coutume très intéressante : l’aumône à la tombe. Il s’agit d’un don funéraire, que l’on laisse sur les tombes et qui consiste principalement en œufs rouges et autres aliments traditionnels, comme les gimblettes».

Passons maintenant au Banat, dans le sud-ouest de la Roumanie, où, le matin de Pâques, les enfants se lavent le visage avec de l’eau fraîche de fontaine dans laquelle l’on avait mis un œuf rouge et des brins d’herbe verte. Le repas traditionnel est servi uniquement après que les plats aient été bénis par le prêtre du village et comporte des plats à base de porc et agneau et, évidemment, des œufs rouges.

Toujours au Banat, mais aussi en Munténie, une autre coutume dit que les jeunes filles doivent garder une bougie allumée à l’église, la nuit de Pâques et l’allumer pour quelques instants aux moments importants de l’année. Cette bougie est un porte-bonheur et les gens qui respectent cette tradition sont à leur tour respectés par les habitants du village.

Une coutume inédite pour la fête de Pâques est à retrouver dans la région de Sibiu, au centre de la Roumanie. Ici, les gens ont l’habitude de décorer un arbuste ou un arbre de dimensions réduites, semblable au sapin de Noël. La différence c’est qu’au lieu des boules de verre on y attache des œufs peints, vidés à l’intérieur. Ce petit arbuste est ensuite mis dans un vase et utilisé pour décorer la maison.

Au Maramures, dans le nord de la Roumanie, selon la tradition, le premier jour de Pâques, si la première personne qui franchit le seuil de la maison est un homme – cela est un bon signe. Autrement, il y aura de la discorde au sein de la famille. De même, tôt le matin, les enfants visitent leurs amis et leurs voisins pour leur annoncer la résurrection du Christ. Les hôtes les accueillent avec des œufs peints.

Enfin, dans le nord du département de Suceava, on prépare toute sorte de sucreries spéciales, telles que «Babele» (Les vieilles dames) – une sorte de brioche – cozonac garnie de noix, loukoum et raisins, qui a des formes spéciales. Ces brioches, on les apporte à l’église pour la messe de Pâques, aux côtés d’autres plats traditionnels qui sont ainsi bénis.


Des traditions de Pâques en Roumanie ancrées dans le passé

cozonac paques roumanie bucovineDe nos jours, dans les villages de Maramures, dans le nord de la Roumanie, on retrouve la même atmosphère d’autrefois. Les coutumes de Pâques sont respectées dans les moindres détails, précise Grigore Lutai, prêtre du village de Sapânta :
«La nuit de Pâques, à minuit plus précisément, les gens font 3 fois le tour le l’église, des cierges allumés à la main, puis ils entrent 3 fois dans l’église en chantant le Canon de la Résurrection, avant de rentrer chez eux. Le lendemain, à 7 heures du matin, ils reviennent pour assister à la Sainte Messe dans le jardin de l’église, juste devant le célèbre Cimetière Joyeux. Selon une coutume d’ici, de Sapânta, les gens apportent à l’église des sacs remplis de plats traditionnels : des brioches au fromage, de l’agneau farci, des saucisses fumées, du lard fumé, de l’ail, des oignons, du vin, des brioches – cozonac – pour que les mets soient bénis. Précisons aussi qu’avant Pâques, pendant le jeûne, tout le monde est habillé de noir, même les enfants de 4 ou 5 ans. Plus encore, pendant la Semaine Sainte, on observe le jeûne noir à compter du Jeudi Saint jusqu’au Dimanche de Pâques ».

oeufs peints paques roumaniePendant la Semaine Sainte, de nombreux croyants se rendent à l’église pour assister aux messes. Le Jeudi Saint on lit les 12 Evangiles de la Passion du Christ et on met la Sainte Croix au milieu de l’église. Le Vendredi Saint il n’y a pas de Liturgie, c’est une journée de deuil lorsque l’on chante la messe funèbre, une des plus belles messes consacrées à la mort du Christ. Les cloches ne sonnent plus jusqu’à la nuit de la Résurrection. Le samedi, on n’entend que la simandre et il n’y a pas de messes non plus.

Voyons maintenant comment se préparent les habitants de la Bucovine pour la fête des Pâques. Ecoutons l’ethnologue Emil Camilar :
«Le Samedi Saint on prépare les plats traditionnels, notamment les desserts cuits au four et les plats à base d’agneau. Les œufs rouges sont préparés d’avance, parce qu’ils prennent plus de temps. Le soir venu, les gens vont se coucher. Ils se reposent quelques heures pour aller ensuite à la messe de minuit. Avant de partir à l’église, chaque membre de la famille se lave, mettant dans l’eau un œuf rouge et une pièce d’argent. C’est un rituel pour rester en bonne santé – comme l’œuf – et pour être recherchés – comme l’argent. Autrefois, le début de la messe était marqué par des coups de «sàcàrus» – un outil faisant beaucoup de bruit. De nos jours on annonce la messe à l’aide des pétardes. Après la messe de Pâques, les gens rentrent à la maison, des cierges allumés à la main. Ils se signent, puis c’est l’heure du festin. Avant toute chose, doit cogner son oeuf contre celui du voisin».


Les oeufs peints et décorés ; un véritable art en Roumanie

Peindre les oeufs est une tradition pascale très ancienne en Roumanie, devenue un véritable art. On commence à peindre les œufs le Mardi Saint et on finit le Vendredi Saint au plus tard. Les œufs sont décorés de motifs folkloriques et de symboles chrétiens.

Une pratique intéressante et compliquée à la fois, comme nous l’explique Marilena Niculità, qui participe chaque année au festival des œufs peints de Ciocanesti (dans le nord de la Roumanie) :
«Avant de commencer, il faut vider l’œuf, et le laver très bien à l’intérieur et à l’extérieur. Puis, on réchauffe de la cire et on l’applique sur l’œuf à l’aide d’un instrument à peindre appelé «chişiţă». Puis on passe aux couleurs. On met l’œuf dans de la couleur jaune, on fait le modèle. Quand le jaune a séché, on fait le modèle rouge et ainsi de suite. Le noir est la dernière couleur utilisée. Après avoir fait le dessin, on met l’œuf au – dessus d’une source de chaleur pour faire fondre la cire. Autrefois, on ne vidait pas les œufs, on les faisait bouillir tout simplement. Mais l’on a constaté que de cette manière on ne pouvait les garder qu’une dizaine ou une vingtaine d’années. Maintenant, les œufs vidés avant d’être peints peuvent résister même 200 ans».

De nos jours donc, on ne mange pas les œufs peints, ce sont des objets décoratifs. Il faut 3 ou 4 heures pour peindre un seul œuf et ce serait vraiment dommage de détruire ses beaux «vêtements».

Pourtant, dans chaque foyer on prépare des œufs colorés pour Pâques : rouges, jaunes, verts, bleus. Selon la coutume généralement répandue, il faut cogner son oeuf contre celui du voisin pour le rencontrer dans le monde de l’au-delà. Dans certaines régions, celui qui réussissait à casser l’œuf de son voisin sans casser le sien avait le droit de le prendre. Les gens réunis à table entraient dans une véritable compétition, essayant de choisir l’œuf le plus dur et de collecter une grande quantité d’œufs.

De même, on dit que c’est bien d’offrir un tiers des œufs rouges pour commémorer les personnes décédées. En Munténie, dans le sud de la Roumanie, les gens font circuler les œufs rouges au-dessus des tombes en prononçant le nom de la personne qui y est enterrée.

En Transylvanie, le lundi de Pâques, les jeunes hommes habillés en costumes traditionnels arrosent avec du parfum les jeunes filles. Celles – ci, à leur tour, leur offrent quelque chose à boire et de petits cadeaux. Selon la coutume, ces filles auront de la chance toute l’année, alors que les garçons qui oublient cette pratique auront de la malchance. Aujourd’hui c’est du parfum, mais autrefois les filles étaient arrosées avec de l’eau des fontaines.

Enfin, avant Pâques, les enfants cueillent de petites fleurs blanches qui poussent dans les champs et les emmènent à l’église le Vendredi Saint. On dit que ces fleurs blanches sont nées des larmes de Jésus.

Entre Pâques et l’Ascension, 40 jours durant, les Roumains se saluent en disant «Hristos a înviat !» «Le Christ est ressuscité !» et répondent «Adevarat a înviat !» (Il est vraiment ressuscité !).

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Les Pâques de Débonnaires, le premier dimanche après Pâques

Dans la tradition roumaine, le premier dimanche après Pâques on fête les Pâques de Débonnaires…

Selon les légendes, les Débonnaires sont les premiers êtres humains apparus sur la Terre, dont l’existence excédait le plan physique. Ils étaient incapables de faire le moindre mal et vivaient dans un coin éloigné de la civilisation ; ils peuplaient, plus exactement, les « Ilots Blancs » d’un delta mythique formé par la rivière qui prend sa source en dessous de l’arbre de vie du Paradis. Cette rivière marque en fait la frontière entre les deux mondes – celui des vivants et celui des morts.

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Les Débonnaires passent leur vie à jeûner et à prier, pour que les péchés des humains soient pardonnés. Sabina Ispas, directrice de l’Institut d’ethnographie et de folklore de Bucarest, nous en dit davantage: « C’est une belle tradition d’origine médiévale liée en quelque sorte aux légendes sur le Jardin d’Eden. Cette légende roumaine parle de l’existence d’une île des Débonnaires, un endroit mirifique, un jardin où ces êtres humains exceptionnels mènent une vie exemplaire. Ils ne portent pas de vêtements, ils vivent au sein de la nature, ils se nourrissent uniquement de végétaux et la vie qu’ils mènent est d’une autre qualité. En fait, ils sont des saints. Souvent, la tradition les associe aux trépassés auxquels on a accordé le bonheur de connaître le Paradis. Or, les Débonnaires, dont la vie est si extraordinaire, apprennent que les saintes Pâques sont fêtées sur Terre lorsque les vivants heurtent des œufs peints en rouge, en prononçant la formule : « Le Christ est ressuscité ! », avec la réponse « En vérité, il est ressuscité ! » Les coques d’œuf jetées dans l’eau des rivières finissent par arriver dans les eaux de cette rivière mythique et de là, en faisant le tour du monde, arrivent sur l’île des Débonnaires, ces bienheureux. Les Débonnaires apprennent donc ainsi que les saintes Pâques sont fêtées sur la Terre et ils les fêtent, eux aussi, en recevant ces coques d’œufs peints en rouge. »

 

A l’occasion des Pâques des Débonnaires, surtout dans le nord du pays, en Bucovine, on faisait rouler des œufs teints et on faisait un pique-nique. Une bonne partie des aliments spécifiques aux Pâques étaient laissés choir par terre, pour commémorer les Débonnaires. Le plus souvent, dans les communautés traditionnelles d’Olténie et de Dobroudja (sud et sud-est), les Débonnaires sont associés aux aïeux disparus depuis au moins sept ans, ces Pâques à part devenant une sorte de Fête des morts/Toussaint. Pour la première fois après la Résurrection, les gens emmenaient la Lumière reçue à l’église – et préservée dans des chandelles – aux tombeaux des disparus.

 

En plus, pour les Pâques des Débonnaires, on ne commémorait pas seulement les morts de la lignée généalogique ascendante, connue, mais toutes les âmes de l’au-delà, désignées de manière générique par les vocables « les Oubliés », « les Inconnus » ou encore « les Blancs ». Les Débonnaires sont également perçus dans certaines régions comme les âmes des enfants non baptisés, mais aussi comme les véritables piliers de la terre, sans lesquels le monde sombrerait dans le chaos.

 

L’élément central dans le culte des Débonnaires, c’est l’œuf teint en rouge de la fête de Pâques. Symbole archétypal de l’Univers, on considère que l’œuf est à l’origine de toutes les choses, de la régénération et de la permanence de la vie sur terre. L’œuf est aussi un symbole de la résurrection, de l’existence extraordinaire, qui outrepasse le monde concret. Par l’œuf teint de Pâques, l’on célèbre aussi l’existence mythique des Débonnaires, projections de l’imaginaire traditionnel, qui veillent depuis un lieu éloigné, légendaire, sur les vivants.

 

Dossier écrit par Teofilia Nistor, Valentina Beleavski

2 commentaires sur “Les traditions de Pâques en Roumanie chez les Orthodoxes et les Catholiques”

  1. L’auteur n’oublie t il pas de mentionner qu’arroser les jeunes filles à Pâques en Transylvanie est une très ancienne coutume hongroise,évidemment . De même pour les oeufs décorés.

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