Pour bien des voyageurs, visiter la Croatie pour la première fois consiste à enchaîner les sites incontournables. Certains passeront peut-être quelques heures dans un lieu à peine un peu plus atypique que les sites les plus touristiques et formatés, qui attirent les foules en quête de clichés. Pour d’autres, c’est un choix de transformer un voyage en expériences, plutôt qu’en collection de visites. Quelles que soient vos contraintes, je ne peux que vous recommander d’explorer la Croatie au-delà de ses évidences, de façon plus authentique à travers des sites fiers de leurs traditions.
La Croatie à l’écart des touristes : l’urgence de prendre son temps en voyage
L’idée de « visiter la Croatie hors des sentiers battus » est à la mode. Mais il n’est pas toujours évident de trouver le bon équilibre lors d’un itinéraire visant à découvrir tout un pays ou même une seule région en quelques jours ou semaines. Il y a ceux qui collectionnent les incontournables d’un pays à la vitesse grand V pour en ramener tous les clichés, ceux qui s’aménagent quelques heures pour goûter à l’authentique afin de faire illusion, et ceux qui préfèrent sortir des sentiers battus pour renouer avec l’urgence de prendre son temps et de savourer les choses simples…
La Croatie fait partie de ces pays qui se prêtent à merveille au slow travel depuis la vaste plaine danubienne jusqu’aux îles de l’Adriatique, véritables bouts de terre à l’identité bien affirmée, en passant par les grands espaces des massifs karstiques de la Lika ou encore l’arrière pays rural de Dalmatie, cette terre rude et besogneuse réservant pourtant bien des surprises … Comment explorer la Croatie en mode slow travel a fortiori si vous avez des enfants et souhaitez savourer au maximum les diverses facettes de ce pays?
Voici quelques idées de destinations qui vous feront vivre, au-delà des cartes postales, une belle variété des expériences encore authentiques que procure ce petit pays des Balkans situé au bord de l’Adriatique, marqué par ses massifs karstiques, sa vaste plaine danubienne et son horizon maritime plein de confettis insulaires… Elles ne sont pas classées par ordre de préférence, car si vous êtes l’acteur de vos vacances, vous restez le plus compétent pour savoir ce que vous recherchez réellement!
Mes coups de coeur absolus pour découvrir la « vraie Croatie » :
- Remonter le temps ; vivre comme au XIXème siècle à Cigoc et Stara Lonja dans le parc naturel de Lonjsko Polje en suivant le cours du fleuve Sava…
- S’isoler et jouer les Robinson dans une cabane de pêcheurs sur les îles désertes de l’archipel des Kornati et admirer au moins les falaises, les lacs du parc naturel Telascica et la vie tranquille des villages de Dugi Otok
- Découvrir l’art de vivre sur l’île de Mljet
- Savourer la simplicité de la Slavonie, la région orientale, baignée par les affluents du Danube et qui paya un lourd tribu pour que la Croatie conquière son indépendance face à la Yougoslavie…
Si vous ne jurez que par la mer ; une Adriatique plus confidentielle
Vis, l’île la mieux préservée de Croatie
Vis a été mise un peu plus en lumière depuis le tournage du film Mamma Mia 2. Cette île n’est pas qu’un repère pour aller jusqu’à la grotte bleue de Bisevo. Pourtant, Vis a beaucoup plus de charme que cette attraction touristique.
Randonner sur les sentiers de l’île de Vis à la découverte des traditions agricoles et de pêche encore entretenues avec ferveur par les habitants de Komiza, voici une invitation qu’on ne refuse pas. Vis compte quelques unes des baies les mieux préservées de Croatie, en raison de l’interdiction d’accès pendant plusieurs décennies.
Lastovo, la discrète île des pirates
Se mettre au vert sur l’île des pirates à Lastovo pour imaginer les grandes heures de la piraterie dans ce petit bout de terre qui ressemble à un havre de paix et dont une partie est constituée en parc naturel… Telle est l’invitation que je vous adresse si vous avez envie de lier esprit marin et écotourisme. C’est probablement l’une des îles (avec Vis et Dugi Otok) qui a conservé le plus fort attachement aux terres, en raison d’une vie autarcique des habitants qui s’aventuraient en mer pour la pêche pendant de longs mois et quittaient rarement l’île pour le continent…
Sipan, l’esprit des Elaphites
L’île de Šipan et sa voisine Lopud hors saison (en octobre, ou en mars – avril) : prendre la mesure d’une île dalmate aux accents ruraux, aux portes de Dubrovnik dans l’archipel des Elaphites. En débarquant dans la baie de Sipanska luka, on apprécié souvent les barques et bateaux de pêcheurs et ceux qui ramènent dans leurs filets les précieux poissons frais. Comme toutes les îles en Croatie, ou presque, on vit en autarcie, sans quitter l’île, si ce n’est en cas de besoin. Chacun cultive donc son jardin, et verger, des vignes, parfois, et élève des agneaux et moutons. Presque tous les hommes partent à la pêche. C’est aussi ça les Elaphites, un territoire authentique, où l’on mange très bien dans quelques konobas à l’ambiance conviviale.
Pour visiter Sipan avec une de ses habitantes comme guide, contactez Femica, elle est la meilleure interlocutrice possible pour vous faire comprendre et aimer son île.
Dugi Otok, verdoyante et paisible
Dugi Otok est l’une des îles très préservées en dépit de l’attractivité de la baie de Saharun avec sa plage de sable (ce qui est rare en Croatie). Pourtant, Dugi Otok ne se résume pas à Saharun et au parc de Telascica…
Cette longue île toute en verdeur est parsemée de 13 villages dont la tranquillité permet aussi de comprendre ce qui fait la spécificité de la vie selon les insulaires… Bien sûr le premier week-end d’août, Dugi Otok accueille des foules de curieux en raison de la fête populaire de Sali, mais le reste du temps, l’île maintient un calme très appréciable…
Vivre en Robinson sur les îles Kornati, sinon rien!
Pourquoi l’archipel des Kornati fait-il souvent partie du classement des plus belles îles de Croatie? Ses paysages lunaires, ses eaux translucides, ses fonds marins parmi les rares encore préservés dans l’Adriatique et l’organisation en chapelet, exceptionnelle en vue aérienne ou depuis les hauteurs à l’issue d’une randonnée, n’y sont pas pour rien.
Pour 97% des touristes séjournant dans la région de Zadar Sibenik, les îles Kornati s’envisagent comme une excursions d’une journée en bateau avec une agence touristique ou sur un petit bateau privé. Même si cette sortie est très agréable surtout si vous avez privilégié une balade en privé ou partagée en petit comité avec Topic (Zadar), Ivan, Jure, Sebo ou David (au départ de Pakostane), vous n’aurez pas le temps de comprendre ce qui fait la spécificité de la vie dans cet archipel sauvage.
Ce chapelet d’Îlots et de rochers pour la plupart déserts où l’on croise parfois des troupeaux de chèvres et de moutons gardés par un berger est une petite merveille et révèle un écosystème exceptionnel.
Rassurez vous, vous n’aurez pas besoin de construire votre propre cabane avec des bouts de bois et des feuillages glanés ça et là, ou de dormir à la belle étoile dans le seul camping des Kornati. Dans une cabane typique comme celle qu’habitent les pêcheurs du coin, dans quelques mètres carrés, on se conforme avec peu et c’est déjà beaucoup.
Ici, point de confort et pourtant, c’est presque royal. On appréhende le temps autrement, avec cette impression d’être à la fois près du littoral et coupé du monde. Autant d’occasions de se ressourcer et de renouer avec soi-même et repenser son rapport à la nature.
Si vous ne vous sentez pas tout à fait l’âme d’un Robinson et ne voulez pas renoncer à un minimum de confort, c’est possible. La maison Antonia.
Contacter Yvonne pour demander plus d’informations (francophone)
D’île en îlot sur un petit bateau, en canoe ou sur le bateau d’un localier, en moto de mer si vous aimez la vitesse et la liberté de mouvement, on navigue, se pose sur un rocher, prend le temps d’une baignade dans une petite crique sauvage à l’eau d’un bleu translucide.
A éviter bien sûr si vous souffrez de problèmes de santé, car l’accès aux services médicaux prend un temps certain, même s’il existe des transferts rapides vers Murter en cas d’urgence! Sans internet, ni réseau mobile, ni télévision, on se déconnecte pour retrouver une capacité de contemplation des choses les plus simples.
Mljet, l’art de vivre insulaire des pêcheurs de Dalmatie du sud
L’île de Mljet est l’un des havres de paix les mieux préservés de Croatie. Elle n’est pas l’une des îles préférées des touristes français pour rien. Elle incarne une certaine vision de l’harmonie des éléments entre sa nature généreuse, la terre et la mer nourricières comme sources de subsistances pour vivre sur l’île, sans manquer de rien. Mljet en été reste assez paisible par rapport Korcula, Brac ou Hvar, où se pressent beaucoup des touristes étrangers.
Bien que le parc national de Mljet, l’îlot Sainte Marie en son sein, et la grotte de l’Odyssée soient les arguments les plus convaincants pour faire venir les touristes sur l’île verte, ce sont surtout les habitants et leur mode de vie qui m’ont fait aimer ce territoire.
Chaque séjour chez la famille Cumbelic à Kozarica est l’occasion de renouer avec l’essentiel. Blazenka étant francophone, on peut échanger avec elle pour bénéficier de ses conseils avisés pour découvrir les plus beaux endroits de son île et y faire des expériences sortant de la simple visite touristique. Une petite promenade jusqu’au jardin et au verger, pour aller récolter les produits qui serviront de base au repas, la préparation des filets et une balade en bateau pour partir à la pêche et ramener les poissons frais ou les calamars et poulpes qui seront grillés ou préparés sous la peka… Autant de moments simples pour appréhender les différences entre la Croatie littorale et la Dalmatie insulaire.
Au-delà du fait que nous soyons devenus amis, la famille Cumbelic est selon moi la meilleure raison de découvrir l’île de Mljet. J’aime son hospitalité, sa générosité, ses multiples petites attentions pour toujours faire plaisir aux hôtes. Et surtout, la table d’hôtes propose un concentré des saveurs dalmates méridionales, cuisinées par Blazenka et Nikola, uniquement avec les produits frais locaux qu’ils cultivent et pêchent.
Réserver dès maintenant chez Blazenka
L’île de Krapanj ; l’art de la pêche aux éponges
L’île de Krapanj n’est qu’un confetti à 500 mètres à peine du littoral et 5 km de Sibenik ; c’est d’ailleurs la plus petite île de Dalmatie du nord. Et pourtant, elle semble avoir échappé miraculeusement au tourisme. Mis à part au cours de la célébration de la régate des femmes qui vient commémorer des siècles de labeur et de sacrifices…
Ici à Krapanj, les hommes sont experts dans la pêche de l’éponge, ce qui vaut à l’île son nom d’île aux éponges. Un musée rappelle cette longue histoire de pêche un peu particulière puisque les éponges de cette zone sont parmi les meilleures de l’Adriatique.
Tous les ans, le 30 juillet ou le 1er août selon les éditions, les femmes de Krapanj (les plus âgées) cultivent les traditions lors d’une régate qui les mène jusqu’aux champs de Jadrtovac et Grebastica… Pendant que leurs hommes risquaient leurs vies dans un métier difficiles, les femmes s’occupaient du foyer, des tâches ménagères, de la famille et du travail des champs … Un mode de vie très dur qui a disparu progressivement quand les plus jeunes ont préféré choisir des horizons plus cléments.
Šćedro : une île secrète et un parc naturel quasi inconnu : coup de coeur IDEOZ
Peu d’entre vous ont peut-être entendu parler de Šćedro otok près de Hvar, car la majorité des touristes se concentre sur Hvar et les îles Pakleni. Et pourtant, vous ne savez pas ce que vous manquez! Ce petit bout de terre qui n’est pas desservi autrement qu’en bateau taxi ne fait que 8 km et abrite un joli parc naturel très préservé.
Vous me connaissez (et si ce n’est pas encore le cas, vous le comprendrez vite), j’aime tout ce qui sort de l’ordinaire, ce qui est caché. L’île de Šćedro ne pouvait que m’attirer. On y apprécie le calme absolu au son des cigales, dans cette végétation odorante typiquement méditerranéenne qui nous plonge dans une nature intacte, sans effort. Peut se parcourir facilement à pied ou à vélo. Outre ses eaux cristallines préservées car à l’écart des trajets des car ferries et des catamarans, ses belles baies comme Mostir, vous pourrez y visiter les vestiges du monastère, le vieux village abandonné de Nastane et vous restaurer chez Moster. Historiquement, elle fut le théâtre de l’une des batailles les plus épiques dans l’Antiquité entre Pompée et César en 49 avant JC comme en attestent les découvertes dans les profondeurs de l’Adriatique.
Comment y aller? Prendre un bateau taxi ou louer un bateau depuis Hvar. Une journée en bateau depuis Split en privée ou partagée avec Angélique (francophone) vous donnera l’occasion de découvrir une île intimiste riche de plusieurs criques où on est parfois seul même en été!
Si vous préférez la montagne en Croatie et les grands espaces naturels
Au royaume des ours bruns et des lynx dans le massif du Velebit Nord
Qui ne rêve pas de croiser au moins un ours dans la nature alors que cette espèce est le symbole de la Croatie? La région du Velebit Nord située en Lika est celle qui compte la plus grande population d’ours bruns du pays. Ils y sont même presque exclusivement concentrés dans les denses forêts des Alpes dinariques sur la voie blanche de la Via Dinarica. Bien sûr, aucune chance d’en observer lors de votre visite des lacs de Plitvice et c’est heureux sous peine d’une grosse frayeur si vous tombiez nez à nez avec un de nos chers plantigrades dans la zone ouverte au public. Mais si vous êtes curieux et passionné par ce type d’expériences, il existe deux alternatives.
Prenez la direction du refuge des oursons orphelins de Kuterevo, ce qui vous permettra d’accéder facilement à votre rêve, y compris avec des enfants. En revanche, pour les amateurs d’aventures, prévoyez une longue randonnée d’au moins un ou deux jours. Vous pourrez admirer les panoramas sur l’Adriatique depuis les sommets de Velika Plana, en les arpentant à pied ou à cheval … Une expérience des grands espaces encore plus agréable à dos de Lippizans
La plus prudente est celle du refuge de Kuterevo où sont soignés des oursons orphelins recueillis par des volontaires venus du monde entier pour découvrir les plantigrades dans leur milieu naturel et contribuer à leur protection. Si les ours ne font pas l’objet en Croatie d’actions véhémentes des éleveurs, comme en France, ils doivent malgré tout être protégés, car les chasseurs aiment l’idée de ramener un ours comme trophée et les ours blessés ou orphelins sont recueillis pour être soignés jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge d’être relâchés en pleine possession de leurs moyens ! Le refuge de Kuterevo n’est plus confidentiel comme il l’était il y a quelques années, mais cela reste un lieu encore assez peu touristique, perdu dans un village du Velebit nord, près de Gospic. Comptez deux heures pour découvrir la vie au refuge de Kuterevo en compagnie de l’un des volontaires…
Vous pouvez aussi partir à la conquête des massifs du Velebit à cheval aux côtés de Bozidar, un passionné de grands espaces et de chevaux qui a réalisé son rêve de ranch à Linden Tree Retreat à Velika Planina près de Gospic dans le parc national de Velebit nord. Il organise pour ses hôtes des visites sur les traces des ours bruns, où l’on détecte les traces et suit leur chemin …
Le massif de Biokovo sur la riviera dalmate : en prendre plein la vue sans être randonneur
Arpentez le parc naturel du Biokovo en ne vous limitant pas aux émotions de la route impressionnante avec des paysages à couper le souffle et des lacets incessants sur 26 km jusqu’à la chapelle et au mont Sveti Jure… Certes, c’est un bon début au vu des émotions panoramiques, mais quand on admire les massifs de la chaîne à perte de vue sur cette Via dinarica voie bleue en Croatie, après avoir quitté les vues de la riviera de Makarska et les îles dalmates au loin, on ne peut que vouloir y randonner à pied, à cheval, à vélo ou en voiture pour les moins habitués aux activités sportives.
Le parc devrait devenir une destination en vogue auprès des touristes, depuis la construction du Biokovo Skywalk. Une attraction qui complique l’accès et génère plus d’attente qu’auparavant, mais qui est à la hauteur des espérances en terme de point de vue.
Découvrir les grands espaces de Lika en liberté
Non! La Lika ne se limite pas à Plitvice!
Beaucoup de touristes souhaitant explorer la nature et plus précisément la Croatie des parcs nationaux et naturels pensent que le mieux est de sélectionner les plus touristiques et spectaculaires. Pourquoi ne pas se limiter à un seul parc et en visiter les environs en une semaine ou plus en privilégiant son environnement ?! Visiter la Croatie hors des sentiers battus c’est possible, y compris aux abords du parc national de Plitvice. Plitvicka Jezera figureparmi les plus impressionnants d’Europe avec sa végétation luxuriante, sa multitude de chutes et de cascades et ses lacs placides, entrelacés grâce à un phénomène géologique rare de sédimentation du calcaire, formant le travertin.
Si impressionnant soit-il, le parc de Plitvice classé au patrimoine de l’Unesco, ne représente pas à lui seul la beauté et la richesse de la région de Lika Senj tournée entre moyenne montagne, vallée tranquille et ruralité.
Une visite des lacs de Plitvice exige au moins 6 à 8h autour du circuit de 8,5 ou de 19, 5 km idéal pour les randonneurs qui pénétreront dans les forêts. Si vous séjournez deux ou trois jours en Lika, vous pourrez apprécier et découvrir tranquillement les environs de Plitvicka jezera, au gré des rivières où l’on peut se baigner, faire du canoe et du rafting. On prend le temps de se balader au coeur des forêts. Quitte à aller jusqu’en Bosnie dans le parc d’Una. Il est très beau avec les chutes de Strbacki buk et encore peu touristique.
Aussi, rien ne vaut un séjour chez l’habitant à la ferme en agrotourisme par exemple à Mrzlin Grad dans le chalet de Branko et Sonija, où l’on saisit rapidement tout ce que le parc ne révèle pas de sa région.
Arpenter les forêts denses, les massifs et la vallée verdoyante de Korenica à cheval, c’est adopter l’un des modes de transports les plus efficaces pour se fondre dans l’environnement et explorer ces chemins que seuls les locaux connaissent. En quelques secondes, on quitte le chalet de Vrelo dans la prairie, suit la rivière Korenica et entreprend un relief plus délicat. Nul besoin d’aller très loin, il suffit de prendre son temps et de se laisser guider par un habitant comme Branko qui connaît la région comme sa poche. Galoper dans ces paysages à couper le souffle dont seul le Velebit a le secret renvoie vite à sentiment d’ivresse. Les sens sont perturbés, mis à l’épreuve dans un premier temps. La traversée des ruisseaux à cheval reste une épreuve pour la cavalière novice que je suis, mais que de récompenses au bout du chemin …
Dans la forêt nourricière, Branko observe les espèces végétales et nous en cite les propriétés ; il trouve des fruits pourtant bien cachés parfois pour les faire déguster, il discerne la présence de la plupart des espèces animales pour en révéler les moindres détails sur leurs habitudes de vie. Cet homme simple et modeste, au physique solide, tient ses précieux savoirs de son père aujourd’hui décédé ; c’est un puits de connaissances sur ce monde naturel, dans lequel il évolue depuis ses premiers pas.
Si les rivières Gacka, Una et Korenica sont au coeur de l’écosystème de Plitvice, on ne les appréhende jamais aussi bien qu’en quittant le parc! Ici, à l’abri du tumulte des touristes qui se concentrent dans les maisons d’hôtes et les hôtels aux abords du parc, on ne « fait pas le parc de Plitvice », on ne traverse pas la nature, on l’éprouve et se confronte aux éléments et en particulier à l’eau vive.
En barque, les petits ruisseaux paraissent bien apaisants, mais en rafting, on parcourt la tumultueuse Una dont le tracé se prolonge jusqu’en Krajina en Bosnie-Herzégovine et nous fait entrer en quelques kilomètres dans une tout autre expérience. Quant aux plus courageux, qui ne craignent pas la froidure des eaux de rivière, prenez le temps de vous y baigner, car les sensations n’ont rien à envier à un bain dans les chutes du parc de Krka payant à prix exagéré (12€ l’entrée).
Chaque jour ou presque quand la saison s’y prête, on pêche les truites de son futur repas qu’on peut préparer aux côtés de Sonija. Cette croate discrète mais chaleureuse n’hésite pas à partager quelques petits conseils de cordon bleu derrière ses fourneaux où elle autorise les hôtes à participer à l’élaboration du repas hors saison. On apprend que les truites sont l’une des clés de la cuisine de la Lika et qu’elles se dégustent par paire, de diverses façons, alors que dans les restaurants des alentours, on les sert systématiquement grillées à la va-vite sans que le poisson soit mis en valeur. Sonija, selon l’humeur, les grille, les frit, les pane, les fume ou les accommode avec sa sauce tatar. Il y a autant de jours de la semaine que de recettes pour déguster ces truites à la chair généreuse, goûteuse et délicatement rosée.
Découvrez pourquoi tout repas chez Branko et Sonja est plus qu’un repas, une véritable expérience de tous les sens!
Dès la fin du printemps, on part à la cueillette de certains champignons et de quelques fruits rouges qui serviront d’accompagnement ou de base au dessert du jour et permettront de se perdre dans les forêts pour en apprécier les odeurs, les couleurs et les ressources innombrables. En voyageant à la basse saison, surtout en automne, on suit Branko lors de ses chasses de gibiers et même si la chasse n’est pas une passion pour la touriste que je suis, je comprends rapidement que la chasse est essentielle dans le mode de vie très autosuffisant des habitants de Lika.
D’ailleurs, tout un chacun, dès le plus jeune âge, se doit de savoir trouver sa subsistance dans les rivières qui regorgent de poissons et les forêts où évoluent les gibiers en tous genres. Je ne croiserais pas d’ours brun cette fois, mais Branko me montrera des traces de leur présence et de leur passage récent. Pour lui, l’ours n’est pas un ennemi, il a toute sa place et est chez lui dans les montagnes de Lika Senj. Même s’il lui est arrivé d’en chasser, il estime qu’il reste une espèce à préserver.
Branko préfère faire découvrir l’environnement des ours bruns lors de randonnées dans la vallée, au hasard, qu’à travers des visites guidées organisées pour les touristes curieux et en mal de sensations qui visitaient le parc de Plitvice avec l’espoir de croiser quelque ours sauvage…
Habiter la Lika, c’est donc être chasseur et pêcheur averti. Mais aussi cultivateur, producteur de fromage, distillateur d’eau de vie et apiculteur. Il faut tout savoir faire ou presque dans une région au climat rigoureux en hiver, qui doit l’essentiel de son tourisme à la présence du parc national le plus touristique de Croatie. Voyager dans la région de Plitvice en prenant son temps et en n’essayant pas de saisir son intérêt à travers quelques heures au bord des lacs Plitvicka Jezera, c’est justement s’accorder la possibilité de découvrir toutes ces activités quotidiennes parfois dures et laborieuses, qui rendent l’expérience plus dense.
Quand on parcourt les routes menant au parc, on se rend compte que la plupart des habitants fabriquent et vendent leurs fromages, le Licka Basa à pâte molle ou le Skripavac.
Avec Branko, on part à la rencontre d’un voisin, considéré comme l’un des meilleurs producteurs de ce fromage assez particulier élaboré avec le lait d’une race autochtone de vaches appelées Busa qui paissent dans les près de la Lika Senj. Il ne parle que croate mais Branko nous sert de traducteur et nous décrit les diverses étapes de la fabrication de ce fromage artisanal qu’on ne trouve qu’ici. il Dès le petit-déjeuner, on se nourrit de ce fromage que les locaux apprécient aussi avec un verre d’eau de vie, censé donner du courage pour débuter la journée.
Le rakija distillé à l’alambic dans le garage ou la cour est une institution dans les Balkans et il ne se refuse pas (même tôt le matin), tant il est un symbole de bienvenue et une forme de rituel d’intégration! Quand les fruits ou les herbes sont récoltés, on comprend vite que le rajika est une histoire sérieuse qui exige beaucoup de patience. Bien plus en tout cas que le laisse imaginer la dégustation cul sec à laquelle se livrent les autochtones malgré les quelques dizaines de degrés affichés par la gnôle locale…
Finalement, la Lika entre vallées et montagnes, se révèle doucement mais activement, dès qu’on prend le temps de découvrir les pratiques, les métiers, les habitudes alimentaires qui obligent les habitants à toujours protéger leur environnement tout en l’utilisant pour se nourrir de ses richesses… Et bien sûr, il ne faut qu’une heure 30 pour rejoindre facilement dans le Velebit Nord, le refuge des ours de Kuterevo qui permet de rencontrer les plantigrades si chers aux montagnes croates.
En hiver, le climat est extrêmement rude et les températures peuvent descendre en dessous des – 25-30°c avec un fort taux d’enneigement malgré une altitude moyenne à 700-800 mètres. La beauté des paysages est sans égal et circuler en moto neige ou en raquettes permet de mesurer la rigueur de l’environnement, tout en mettant en évidence sa …
Les rivières en Croatie, des sources d’émerveillement insoupçonnées
On n’imagine pas forcément que l’une des principales richesses de la Croatie est constituée par ses rivières. L’Adriatique est si prédominante dans l’esprit des touristes qu’ils ont tendance à se presser sur les plages du littoral ou des îles. Pourtant, la Croatie est baignée par les eaux de nombreuses rivières, d’une grande pureté et ouvrant à des expériences variées pour des vacances actives qui ne se limitent pas à cocher les cases des sites incontournables…
- Parcourir la vallée de Korenica à cheval dans la région de Plitvice et au contact des rivières
- Frustré(e) de ne pas avoir pu vous baigner à Plitvice? Profitez des chutes de Strbacki buk à 50 km du parc à la frontière bosnienne. La rivière Una réserve de fortes émotions si vous aimez le canyoning et le rafting, le mieux est de l’aborder en faisant une escapade en Bosnie-Herzégovine en allant jusqu’au parc de Una et aux chutes de Martin Brod depuis Plitvice (environ 1h30)
- Le canyon de la rivière Krupa, peu connue des touristes mais appréciée des pêcheurs, est aussi un paradis pour les randonneurs.
Une journée agréable à prévoir depuis la Dalmatie du nord ou la région des lacs de Plitvice. Depuis Zadar, empruntez la route de Benkovac et Obrovac, puis Kastel Zegarski et suivez le panneau Manastir Krupa. Je vous recommande de faire une halte au monastère de Krupa, lieu niché sur des terres fertiles du Velebit, près du pont de Kudin, car il témoigne de la longue présence des Serbes orthodoxes sur ces terres depuis le XVème siècle.
- Découvrez le panorama de la rivière Zrmanja qui est devenu assez touristique, mais il suffit de s’éloigner un peu du point de vue le plus évident pour apprécier la rivière depuis les hauteurs ou en bateau et mieux encore en safari canoe pour prendre le temps d’admirer l’écosystème de cette rivière à la jonction entre Dalmatie et Velebit
- Emprunter le canyon de la rivière Cetina et s’enfoncer à l’intérieur des terres pour apprécier l’arrière-pays dalmate marqué par les massifs karstiques et rejoindre les lacs d’Imotski, le lac bleu et le lac rouge, tout proches de la frontière bosnienne.
- Pour les plus curieux, remontez jusqu’à la source de la rivière Cetina ; un site méconnu près du village Vrlika dans le nord ouest de la montagne Dinara qui a donné son nom à la fameuse voie mythique Via Dinarica à travers les Balkans…
Vous êtes tout près de l’étape suivante:
- Explorer les forteresses de la Krka qui défendaient la frontière naturelle constituée par la rivière à l’époque où les assaillants vénitiens, ottomans, tentaient de dominer la Dalmatie. Car Krka ce n’est pas seulement le nom d’un parc national avec des cascades, c’est aussi un espace entre paysages arides marqués par le karst, villages de l’arrière pays et hameaux !
Si la campagne et ses traditions culinaires et viticoles ont vos faveurs
Voici quelques idées qui peuvent déjà vous convaincre :
- Apprécier les traditions viticoles autochtones comme celles qui entourent le Vrnicka zlahtina, un vin à la couleur dorée, produit uniquement dans les environs du village de Vrbnik sur l’île de Krk.
- S’immerger dans la campagne de Slavonie près de Stara Kapela grâce à mon amie Maryla Petrovic (contactez ici) une adorable francophone qui met à votre disposition sa ferme pour un séjour 100% authentique… La plaine danubienne baignée par ses affluents de la Sava, de la Drava, est dominée par les champs, les vignobles où l’on produit notamment un excellent vin blanc vin de Kutjevo ou de Daruvar vinogorje.
- Sans oublier les balades en calèche, les randonnées en Baranja à cheval à dos de lippizan, et le folklore, les chants et les danses comme la Baranjski bećaracqui entretiennent les traditions rurales au fil des saisons et des événements de la vie.
- En Istrie verte de vallons en vallons, à vélo, en scooter, à pied, ou en voiture, partez à la découverte des villages perchés en passant par la route de la truffe blanche vers Pazin dans l’Istrie grise et sur la voie des oliviers puisqu’on produit en Istrie l’une des meilleures huiles d’olive pures au monde. Découvrir la cueillette des olives encore à la main, déguster un délicieux prsut avec du fromage et l’un des très bons vins d’Istrie dans un agrotourisme… Pourquoi ne pas séjourner à Buzet, village tranquille bien moins fréquenté que Motovun mais plus authentique?
Les vrais goûts de la Slavonie et une philosophie de respect de l’environnement
A quelques kilomètres de la Voïvodine serbe, la famille Lackovic, attachée à sa terre et fière de ses cultures bio, vous accueille dans sa ferme Lackovic près de Bilje pour un séjour en Croatie orientale inoubliable… C’est l’une des expériences que j’aie le plus appréciée en Slavonie et à elle seule, elle m’a donné envie d’y revenir à l’occasion de divers voyages, car j’y ai rarement ressenti autant d’amour de son terroir, en toute simplicité. Tout ici est évident, malgré la dureté du labeur. On vit encore au rythme des saisons, en partageant de génération en génération ce que l’on a appris de sa terre.
Les Lackovic sont des cultivateurs convaincus que le bio n’est pas juste une tendance. Ils ne se sont jamais posé la question de « passer au bio », ils ne connaissent que ça et leur travail au quotidien prouvent à quel point ils ont compris l’essentiel.
On apprécie les vergers et les serres regorgeant de fruits et légumes délicieux, qui ont gardé leurs formes, quelles qu’elles soient, leur couleur naturelle, leurs défauts et la richesse de leurs saveurs, leurs chairs généreuses et leurs parfums inspirants. Rien de calibré : la famille Lackovic ne connaît pas le formatage. Elle laisse les fruits et légumes se développer à leur rythme et les utilise de toutes les manières possibles, frais, crus, cuits, en confiture, en compotée, en eaux de vie, sur les tartes et dans les gâteaux et dans les plats divers préparés pour les hôtes.
Vous ne mangerez à leur table que des produits faits maisons ou cultivés et élevés, pêchés dans les environs immédiats. Srdjan et son père se rendent sur la Drava pour y pêcher les carpes ou les divers poissons qui serviront de base à la bouillabaisse slavone ; la fis paprikas. A base de poissons frais, de poivrons et paprika, et de vin, la Fis paprikas mijotant longuement dans le chaudron est le symbole de cette Slavonie, rurale, où les gens ne sont pas riches et apprennent à tirer le meilleur profit de ce que leur donne la nature avec patience et modestie.
Vous y dégusterez les spécialités simples de la région dont les habitants sont très fiers, à l’instar de la fis paprikas ou de la carpe rôtie en plein air selon un savoir-faire ancestral
Vendanges à la rencontre avec les vins dalmates
Vous pensez que la Dalmatie est une région ultra touristique et qu’il est difficile de sortir des sentiers battus? Détrompez vous. Il suffit de s’enfoncer de quelques kilomètres à l’intérieur des terres pour réaliser que la Dalmatie est plurielle et pas seulement dominée par les influences entre mer et montagne. On a l’impression de ne pas être tout à fait dans le même pays que celui qui se livre à un tourisme effréné et normatif. Le caractère rural s’impose vite dans des paysages âpres et pas forcément accueillants de prime abord, qui ne demandent qu’à être apprivoisés.
Dans les vignes plantées au coeur des paysages karstiques et presque arides de l’arrière-pays dalmate, on pratique la vendange encore de manière artisanale aux côtés des habitants de la ferme pour élaborer le vin du quotidien. On fait sécher pendant des mois ses jambons qui donneront ce prust au goût délicatement fumé dont les dalmates sont si fiers. On produit son huile d’olive au prix de centaines d’heures de récolte où chaque olive est aussi cueillie à la main sous un soleil brûlant. Pas étonnant dès lors que l’huile d’olive vierge pressée à froid ait un goût si affirmé bien éloigné de celui des bouteilles qu’on achète dans nos supermarchés!
A 10 km à peine du parc national de Krka, dans la région de Sibenik Knin, le hameau de Radonic est un point d’ancrage pour explorer une Dalmatie plus dure et pas toujours facile d’accès, mais non moins émouvante.
A la ferme Kalpic devenue un agrotourisme à succès, quand la fin de l’été s’annonce, sonne le temps des vendanges. Il n’est plus temps de sillonner les vignes tranquillement dans la chaleur plus supportable qui précède l’automne. Les hôtes, sur demande bien à l’avance, peuvent prendre part au travail de récolte à condition d’avoir une petite expérience, avant de suivre l’élaboration du vin de la maison, qui est servi à tous les clients séjournant à l’agriturizam.
Si la vendange à Kalpic a un impact économique réel pour les propriétaires, beaucoup d’habitants produisent aussi le vin pour leur consommation courante en Dalmatie. Nous ne sommes pas ici sur une route des vins aussi fameuse que celle de Peljesac – Korcula, de Supetar à Brac fière de son varinek ou des vins malvoisie d’Istrie et des Grasevina de Slavonie. Mais ce terroir presque abrupt se révèle entre force de travail, exploitation modérée des biens de la terre et dégustations culinaires.
En vue du petit-déjeuner traditionnel, à côté du fromage, du prsut (fromage fumé) et des fruits et légumes de saison, les maîtresses de maison s’attaquent dès 5-6h du matin à la délicieuse gibanica, salée ou fruitée nécessitant un long moment de préparation, d’autant que la pâte filo exige aussi un temps de repos conséquent. On se lève très tôt et consacre l’essentiel de son temps à un travail soutenu et ardu, alternant entre tâches agricoles, élevage, et élaboration des repas.
Plus tard dans la journée, selon la période, on cueille les poivrons qu’on va farcir à la viande ou au riz, on roule les feuilles de choux, les sarma, à farcir et à déguster le dimanche après la messe ou lors d’un repas de fête. On roule également sous forme de cylindres la viande hachée assaisonnée qu’on a laissée faisander pendant plusieurs jours pour produire des cevapi ; agrémentés d’oignons et de sauce au fromage. On laisse mijoter les plats généreux comme la pasticada (boeuf braisé), qui sont encore meilleurs avec ce mode de cuisson au chaudron respectueux des saveurs.
Le week-end, à la broche, les hommes de la maison passent des heures à surveiller les agneaux, les porcs et les boeufs tournant sous la cloche. Sur la braise, chauffent les morceaux de viande de mouton et d’agneau (Teletina janjetina ispod peke) après avoir été découpés directement sur la broche : ils constituent la peka dalmate et reposent un peu dans le jus avec des pommes de terre, avant d’être servis ensuite à nouveau sous une petite cloche pour préserver le fondant de leur texture et leur goût plus prégnant.
On s’attelle aussi comme en Slavonie à la fabrication de son ajvar, une purée de poivrons et d’aubergines qu’on prépare pour l’année par dizaines de kilos afin de prévoir les provisions pour tout l’hiver et le printemps! Entre cueillette des légumes, l’épluchage, le hachage, la cuisson et le mijotage, qui croirait que ce plat exige des heures de surveillance pour qu’à feu doux, les légumes fassent émerger le meilleur de leurs saveurs? Le ajvar, une histoire de patience conforme à l’esprit du slow travel !
Tout l’art de la préparation du ajvar en Croatie :
La Dalmatie est décidément une région qui gagne à être connue à travers sa cuisine. Mais la Croatie ne se limite pas à la Dalmatie…
Se couper du monde moderne à Lonjsko Polje en Croatie centrale
En Croatie centrale à 90 km à peine de la capitale Zagreb, le parc naturel de Lonjsko Polje est peut-être la meilleure destination imaginable pour pratiquer le slow travel en Croatie. Dans ce parc d’environ 40 km marqué par les marécages et le système fluvial alimentant la Sava, près de Sisak, quelques villages sont de véritables havres de paix au bord de la rivière.
Tout donne l’impression qu’ici le temps s’est arrêté ou du moins n’a pas de prise sur les gens. Apprécier Lonjsko Polje, c’est précisément adopter ce rythme alternant entre lenteur, contemplation et activités agricoles et de pêche. Les maisons de bois, appelées Hida,tout d’abord, dont l’architecture est unique et préservée depuis plus d’un siècle et demi, confortent l’identité des lieux. Les habitants, habitués à vivre en autarcie, se sont adaptés aux caprices de la rivière Sava qui produit des crues impressionnantes au printemps ou à l’automne et ces inondations ont conditionné l’organisation spécifique des habitations. Si l’électricité s’est développée dans les foyers, contrairement à certains îlots des Kornati, toutes les fermes ne disposent pas d’eau courante et il n’est pas rare de devoir aller encore tirer de l’eau au puits.
Et au milieu coule une rivière…
A Lonjsko Polje, on évolue au fil de l’eau et se laisse parfois tromper par le calme apparent de la Sava.
Avec Igor et Mladen qui m’accueillent dans leur ferme encore typique décorée avec du mobilier d’époque, on se balade sur des barques pour apprivoiser l’écosystème, admirer les multiples poissons, la foule d’oiseaux et les cigognes de la réserve ornithologique. Inutile de préciser que l’observation requiert une grande patience et donc beaucoup de temps. Mais quel merveilleux spectacle que le nourrissage des cigognes ou les survols des plaines par des familles d’oiseaux qui me sont inconnus. On croise les chevaux et les boeufs autochtones qui paissent impassiblement au bord des rives.
Impossible de comprendre l’esprit de Lonjsko Polje sans vivre sur l’eau une grande partie du temps. Chaque jour ressemble au précédent, rythmé par des heures de pêche à la ligne ou à l’aide de filets traditionnels déployés avec une ingéniosité rare par les pêcheurs locaux, pour trouver son repas. Car la pêche ici est alimentaire et pas seulement un hobby. Les poissons? On les fera griller sur des piques ou préparera comme une bouillabaisse locale, la fis paprika, dans un chaudron, où vont mijoter toutes sortes de poissons accompagnés de poivrons rouges.
Comme la majorité des habitants, on utilise le vélo ou marche le long des routes pour se déplacer d’un village à l’autre et on quitte rarement ces terres où l’on trouve finalement tout ce qu’il faut pour être heureux tout en ayant rompu les repères avec la modernité. Qu’il est bien loin le rythme de vie frénétique des villes assaillies par les foules de touristes pressés de tout voir sans rien voir vraiment! A Lonjsko Polje, la vie n’est pas idyllique car elle reste rudimentaire et laborieuse, mais l’immersion dévoile une Croatie profonde, simple et généreuse, où l’hospitalité n’a rien de comparable avec les villes et stations du littoral.
Le village de Stara Lonja devrait convaincre les amateurs d’écotourisme, bien qu’il soit moins connu que le « village européen des cigognes » de Cigoc où la maison Tradicije est l’une des références en matière de sobe*. La maison d’hôtes d’Igor et Mladen (contact ici) est un petit coin de paradis classé 3*. Les propriétaires très accueillants vous font découvrir pour leur plus grand bonheur les traditions et les modes de vie locaux. Ne manquez pas de réserver au moins une demi journée pour explorer la Sava en barque locale à leurs côtés et pourquoi pas apprendre les rudiments de la pêche pour ensuite déguster les poissons que vous aurez pêchés en les faisant griller sur un bâton comme le veut la tradition?!
Lonjsko Polje, les îles Kornati et la région de Plitvice sont autant de sites appropriés pour explorer la Croatie hors des sentiers battus, changer ses habitudes de voyage et apprécier la Croatie avec lenteur, dans tout ce qu’elle a d’authentique et de magique… J’aurais pu ajouter la merveilleuse Slavonie forte de ses traditions de ruralité et d’écotourisme, mais ce sera dans un prochain article!
Paysages méconnus et villages perdus hors des sentiers touristiques en Croatie?
Bonsoir, j’ai visité la Croatie pour la première fois l’année dernière, une dizaine de jours à visiter surtout ce qui est hors des listes habituelles de » chose à faire ou à voir » à part les parcs de Plitvise et Krka, et mon coeur est resté en Croatie , que ce soit les paysages découverts, les petits villages perdus, les nombreux lacs et rivières et surtout la population en général car même si je ne parle ni croate ni anglais, j’ai toujours été comprise et aidée ! je suis en fauteuil roulant et ils ont toujours fait ce qu’ils pouvaient pour m’indiquer les chemins possibles ou m’aider , des gens super ! J’ai toujours dit , je finirai ma vie en Espagne au soleil mais depuis que j’ai laissé mon coeur en Croatie, je compte bien quitter la Belgique et aller finir ma vie en Croatie !
2 semaines en Croatie en juin hors des sentiers battus
Bonsoir,
Je souhaite partir deux semaines en Croatie en juin et j’aime sortir des sentiers battus pour mieux découvrir le pays.
Merci
Jeanne
Coucou,
Je voyage assez peu, pas par choix, mais par banque de budget !
Mais quand je voyage, il y a bien une chose que je déteste, c’est me retrouver dans un endroit bondé de touristes ! Les circuits touristiques, j’en ai horreur ! Je suis plutôt du genre à aimer partir en sac à dos, en van et découvrir des pépites protégées du tourisme de masse et parler aux locaux !
En ce moment, j’ai envie de visiter les Dolomites en Italie, mais il y a certains coins très très touristiques !
Belle journée,
Laura – Happy Lobster
J’aime beaucoup cette notion « il est urgent de prendre son temps » et tu as entièrement raison …prendre son temps pour ouvrir ses yeux et son coeur…être disponible à ses émotions